Tandis que les ultimes mesures de lutte contre la COVID 19 sont enfin levées, Guillaume Nicloux propose un film de genre où les habitants d’un immeuble se retrouvent confinés chez eux, non pas menacés par une pandémie, mais pris au piège par une mystérieuse matière noire opaque, inquiétante et infranchissable.
Après deux court-métrages, Kate Dolan réalise son premier long-métrage, mélangeant horreur irlandaise et exploration d’une maternité en crise. You’re not my mother est pour la première fois montré en novembre 2021, au festival fantastique de Toronto, où il finit finaliste du choix du public dans la sélection Midnight Madness. Après un an de tournée dans les festivals et de parution à l’étranger, le film paraît enfin sur nos écrans le 7 décembre, sous le nom de Samhain, aux origines d’Halloween.
Le titre Samhain, aux origines d’Halloween souligne le double aspect de cette fête. Quelle a été votre principale inspiration pour ce film ?
Les premières versions du film ne se déroulaient pas à Halloween, c’est quelque chose que j’ai ajouté au fur et à mesure. C’est surtout la mythologie du changeling (ndlr: créature d’apparence humaine laissé à la place d’un nouveau-né enlevé par des monstres) qui m’a relié à Samhain. Avant, c’était plus focalisé sur les pathologies mentales et la famille. Ensuite, j’ai commencé à faire plus de recherches sur l’histoire païenne et le folklore irlandais. J’ai compris qu’il fallait que ça se déroule à Halloween, lorsque des créatures d’outre-monde peuvent nous atteindre, car la frontière entre leur monde et le nôtre est très fine. Choisir cette période de l’année faisait sens, surtout en Irlande. À Halloween, on allume des feux de joie autour des maisons, ça amenait donc ce symbolisme de feu purificateur et c’est ce qui m’a définitivement convaincu de faire mon film sur cette fête.
Quelles ont été vos plus grandes influences ?
Je pense que L’Exorciste est définitivement une grande influence, de par la relation mère-fille et son approche du rythme. La première moitié est lente et pose cette une atmosphère dans laquelle on sent que quelque chose ne va pas sans être certain. Parce que Samhain adopte surtout le point de vue de Char, le personnage principal, un autre film très influent a été Rosemary’s Baby car c’est un film qui se construit à partir d’un seul point de vue, celui d’une femme. Il en a d’autres, comme le film coréen The Stranger qui reprend beaucoup de représentations du folklore japonais et coréen. Étant donné que mon film est beaucoup inspiré de l’histoire et du folklore irlandais,The Stranger était proche de ce qu’on voulait accomplir, surtout au niveau du ton.
Dans un autre entretien, vous aviez justement mentionné votre intérêt pour les films d’horreur asiatiques.
C’est sûrement parce qu’ils se concentrent plus à capturer un sentiment de malaise. Il y a le remake américain de The Ring, qui est complètement différent de la version japonaise. J’ai l’impression que des films comme The Ring ou Pulse n’expliquent jamais en détail ce qu’il se passe, ce que les personnages endurent : c’est plus à propos d’une sensation d’étrangeté. Aussi, de par leurs visuels, ces genres de film me troublent, ils me font ressentir quelque chose d’étranger à notre monde. En comparaison avec le style américain, plus focalisé sur l’action, l’intrigue, et qui s’assure que des choses vous sautent dessus tout le temps.
Samhain est à la fois un film de monstre plutôt explicite et un drame humain plus sensible et subtil. Avez-vous eu des difficultés à combiner ces deux aspects ?
Un producteur de cinéma veuf organise de fausses auditions pour trouver une nouvelle compagne. Le synopsis d’Audition ressemblerait à première vue plus à celui d’une comédie que d’un film d’horreur. C’est bien ce rapport extrême aux contrastes de ton qui frappe dans le film de Takashi Miike. Le cinéaste transforme sans concession l’humour en épouvante et bâtit un film en miroirs.