Marlowe

Au cinéma le 15 février 2023

© Metropolitan Film Export

Après Humphrey Bogart et Robert Mitchum, c’est au tour de Liam Neeson de se mesurer au rôle de Philip Marlowe. Dix ans après sa dernière apparition sur le grand écran, le détective privé revient dans les rues nauséabondes de la Californie des années 30 où les cadavres jonchent les sols des bas-fonds sordides comme des clubs de luxe.

Dans son bureau aux stores baissés, Marlowe reçoit Claire Cavendish (Diane Kruger), voix suave et cigarette à la main, qui lui demande d’éclaircir le mystère de la mort de son amant. Une star défraîchie du cinéma, un mari absent mais colérique, un conseiller financier promu au rang d’ambassadeur, un chauffeur passionné de films, un policier fatigué, tous gravitent autour de cet homme apparemment écrasé devant l’entrée d’un bar sélect. Si l’intrigue, que Neil Jordan tire du roman La blonde aux yeux noirs de John Banville, n’est pas mauvaise, et pourrait presque être palpitante, le film en lui-même est loin de susciter la même réaction.

Un rythme lent, voire mou, des dialogues d’exposition qui n’en finissent pas et des scènes qui se ressemblent toutes au point que l’on a du mal à distinguer le climax de l’ouverture se conjuguent pour faire de Marlowe deux heures de pur ennui. L’ajout de plans volontairement violents – une tête écrasée par une roue de voiture ou des images de cerveau éparpillé au sol – n’est pas suffisant pour éveiller l’attention et se fond dans une cinématographie lisse qui n’a rien de nouveau à proposer.

L’hommage évident au film noir est certes toujours agréable. Les personnages vont même au-delà du quatrième mur par une forme de lucidité sur leur rôle d’archétypes désuets et citent Christopher Marlowe, Le faucon maltais, ou bougonnent un  »Je suis trop vieux pour ça » après une scène de combat. Mais si les codes sont reconnus et honorés, Neil Jordan échoue à se les réapproprier et encore plus à les réinventer. La parodie de certains clichés tombe à plat, les blagues sont poussives, les traits d’humour peu convaincants. Les acteurs et actrices se démènent comme ils le peuvent avec des répliques vides d’intérêt : Liam Neeson est presque crédible en un Marlowe âgé toujours porté par son sens de la justice et Jessica Lange brille de charisme et de finesse à travers ses quelques apparitions. Ce n’est cependant pas suffisant pour relever le niveau d’un film qui semble être passé à côté de toute la substance de son propos pour ne livrer qu’une coquille creuse tenue par deux fusillades et un mélodrame. Affaire classée donc ; espérons qu’il faudra moins de dix ans pour que le détective se relève de cet échec.

Marlowe / De Neil Jordan / Avec Liam Neeson, Diane Kruger, Jessica Lange / Etats-Unis / 1h50 / Sortie le 15 février 2023.

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