Un bateau en pleine tempête, quelques policiers et prisonniers agités, une mystérieuse entité dans la soute et la promesse d’un carnage sanguinolent. Sentiment de déjà-vu ? C’est normal.
Au sein de la délicieuse “bisserie” fièrement annoncée par Projet Wolf Hunting, les ombres de John Carpenter (Assaut et Prince des Ténèbres en tête), Gareth Edwards (The Raid) ou William Lustig (Maniac Cop) ne sont jamais bien loin. Conscient de ses limites – son filmage pas toujours inspiré et sa photographie assez laide -, Kim Hong-Sun n’entend jamais égaler ses prédécesseurs et se fait donc un malin plaisir à détourner les attendus. Plutôt que d’orchestrer le film choral que laisse entendre sa première heure, Projet Wolf Hunting fonce tête baissée dans le divertissement anti-programmatique. D’actioner à film de traque en passant par l’origin-story super-héroïque, toute variation devient prétexte pour éviscérer à tour de bras les personnages qui s’offrent à lui. L’enjeu n’est plus de savoir qui survivra mais comment tout ce beau monde se fera joyeusement éliminer.
À l’instar de The Sadness, sorti l’année précédente, Projet Wolf Hunting s’impose comme le terrain parfait pour toutes les expérimentations sadiques, des gerbes de sang démesurées jusqu’au cassage d’os en règle. Toutefois, quand le premier prétend conférer à cette violence un sous-texte politique, le second refoule toute prétention de discours pour laisser libre cours à l’action, dans ce qu’elle a d’ouvertement inconséquente. Kim Hong-Sun n’a peut-être pas la portée de ses prédécesseurs mais son Projet Wolf Hunting a du cœur et, plus important encore, des tripes.
Projet Wolf Hunting / De Kim Hong-Sun / Avec Seo In-Guk, Dong-Yoon Jang, Jung So-Min, Gwi-hwa Choi & Dong-il Sung / 2h01 / Corée du Sud / Sortie le 15 février 2023.
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