
« Who gives a fuck about movies » scande Scream VI dès son introduction, annonçant consciemment ou non la proposition anti-cinématographique qui suivra. Un an après avoir massacré une saga déjà faible avec leur odieux cinquième opus, le duo formé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett rempile pour achever avec une médiocrité presque salutaire leur travail de fossoyeurs.
Si l’on se plaisait aux espoirs déraisonnés, Scream VI pouvait laisser espérer un divertissement moins paresseux, quittant enfin le décorum de la série pour se rendre en capitale new-yorkaise. Nouveaux lieux, nouvelles règles pensez-vous ? Que nenni. Passé ses cinq premières minutes, esquissant une nouvelle approche possiblement rafraîchissante, le long-métrage botte en touche et finit par revenir bien sagement sur des chemins balisés. Ce ne sont même plus les codes de Scream qui s’y jouent, mais ceux d’un slasher conventionnel, se réfugiant dans un gore prétexte – que la saga avait jusque-là évité – pour camoufler l’incapacité des cinéastes à susciter de la tension ou à jouer avec les codes du genre.
Autrefois décidée à redistribuer ses cartes à chaque film, la série se mue en algorithme, où personnages comme scénaristes puisent allègrement dans les objets des précédents films. Ainsi, au dialogue permanent avec le spectateur et ses connaissances de l’horreur, Bettinelli-Olpin et Gillett n’ont plus qu’une posture méta cynique, conscientisant la vanité et le statut mercantile de leur propre produit. Si cet épisode a beau répéter ad nauseam sa soi-disant différence, ce n’est pas tant pour son fonctionnement – désespérément enclin à ne jamais évoluer – mais pour son absence totale d’autoréflexion, chose qu’auraient conspuée Wes Craven et Kevin Williamson.
Scream VI / De Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillett / Avec Melissa Barrera, Jenna Ortega, Courteney Cox, Jasmin Savoy Brown / U. S. A / 2h03 / Sortie le 8 mars 2023.