
Deux sœurs est de ces films que l’on dirait mal aimables. À l’image du cinéma de Mike Leigh dans son ensemble, comparé plutôt arbitrairement à son compatriote Ken Loach pour, outre le fait qu’ils sont tous deux Anglais, la sécheresse de leur mise en scène, afférente à la tradition réaliste et sociale du cinéma britannique. Or par mal aimable, on entendra ici ce qui ne se donne pas facilement au spectateur, soit ce qui nécessite qu’il revoie toujours ses attentes, qu’il révise sans cesse ses jugements. Tout ce que n’exige pas le cinéma de Ken Loach, plus rassurant par ses schématismes, où oppresseurs et opprimés s’identifient d’emblée. Parce qu’il affirme sa défiance à l’égard de l’idéologie comme envers le discours, le cinéma de Mike Leigh apparaît moins aimable, moins commode. Tandis qu’on adhère immédiatement à Daniel Blake (Moi, Daniel Blake, 2016) parce qu’il subit la brutalité et l’injustice d’un système, on peine à vouloir suivre l’acariâtre Pansy, bourreau impitoyable de tous ceux qui, malheur à eux, croisent fortuitement son chemin.
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