
Après une carrière d’actrice, Eva Husson se lance dans la réalisation. Mothering Sunday est son troisième long-métrage et premier en langue anglaise. À l’occasion du festival du film britannique, à Dinard, nous avons pu rencontrer la réalisatrice afin d’évoquer ses aspirations et ses inspirations lors de la création du film.
C’est un film très littéraire : les dialogues sont nombreux et la littérature joue un rôle primordial dans l’histoire ; comment s’est déroulé son écriture ?
C’est effectivement l’adaptation d’un roman par Alice Burch, qui a écrit le scénario. J’ai fait des études littéraires donc ce caractère littéraire était aussi important pour moi. J’ai reçu le scénario alors que je tournais une série d’action pour Amazon et je n’en pouvais plus ! Quand j’ai lu le scénario et ai vu cette qualité littéraire dans l’écriture de l’histoire mais aussi des personnages, ça m’a fait beaucoup de bien. En plus, comme ce sont des personnages anglais, il y a tout ce rapport aux non-dits, aux choses en creux, qu’on arrive pas à exprimer. J’avais perdu mon père peu de temps avant et cette histoire me permettait de parler du deuil, de manière littéraire, ce qui me correspondait un peu plus qu’une série d’action…
Dans le film, la question du deuil est intrinsèquement liée à l’époque de l’après guerre, pourquoi ce thème vous a-t-il touchée et inspirée ?
Quand j’ai fini le scénario, je me suis rendue compte que cela faisait écho à plein de choses de ma vie. En fait, je crois qu’on devient artiste, réalisateur ou écrivain pour ne pas devenir fou. C’était des choses qui m’habitaient et que j’avais besoin d’explorer. Le film me permettait d’explorer sans m’exposer. Après avoir lu le roman, j’ai pleuré pendant quinze minutes et je me suis dit que si j’étais dans cet état là, cela voulait dire que j’avais besoin de faire ce film. Que ça touchait quelque chose en moi que j’avais besoin de partager avec d’autres. Je crois beaucoup au travail de la réalisatrice comme d’une passeuse d’émotions. Le cinéma est le seul médium où si l’on fait bien son travail, on arrive à montrer aux autres le monde tel qu’on le sent. C’est quand même assez dingue comme possibilité de travail, c’est un grand luxe.
Ce passage d’émotions s’effectue également en collaboration avec les acteurs, comment s’est fait le casting du film ?
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