
En Angleterre, après la Première Guerre mondiale, le mode de vie aristocratique parait superflu, presque abstrait. Les riches famille du pays ont perdu de nombreux fils. Malgré tout, les vivants essayent d’aller de l’avant ; et au sein de ces familles, Jane, une bonne et Paul, le fils cadet sont amoureux.
Eva Husson peint un portrait fragmenté de la société britannique. Les jeunes gens tentent de conserver leur insouciance tandis que les ainés sont blessés à jamais. Les enfants veulent vivre et les plus vieux doivent survivre. Rien ne se dit, tout se devine. Les mots sonnent faux, la routine ne rassure plus. Ce défilé de bonnes intentions continu jusqu’à se qu’il s’achève drastiquement : les masques tombent et les larmes coulent. Olivia Colman et Colin Firth excellent dans ce jeu de faux semblants.
La réalisatrice construit son film de souvenirs, d’instants. Elle filme avec délicatesse une errance romantique et romanesque, entre influence picturale et format photographique. Son esthétique est une mosaïque de détails, qui s’assemblent et se séparent avec grâce. Ses personnages sont en quête d’une salvation qui semble inexistante. C’est un constat cruel mais étrangement humaniste qui émane de ce récit. Mothering Sunday est une œuvre ambitieuse, qui traite la question du deuil avec finesse et qui évoque avec courage une émancipation rendue possible par l’art.
Mothering Sunday / De Eva Husson / Avec Odessa Young, Josh O’Connor, Olivia Colman, Colin Firth et Emma D’Arcy / France – Angleterre / 1h44 / Prochainement.