
Angel, 18 ans, sort de prison et rentre dans sa famille d’accueil à Philadelphie. Son retour lui permet de renouer les liens avec sa petite sœur Abby, et démarre une histoire de vengeance sur les traces de leur père, responsable de la mort de leur mère.
Long way home aborde les grands schémas typiques d’un certain pan du cinéma américain indépendant contemporain : liens familiaux marqués par le drame, dénonciation de tares de la société, représentation d’une minorité. Mais au lieu de se contenter d’une succession de lieux communs, le cinéma se joue ici, constamment, à la marge des clichés. Le retour à la vie normale d’Angel donne lieu à des scènes ancrées dans la réalité, révélatrices de la situation que peuvent vivre de nombreuses femmes noires aux États-Unis, sans jamais tomber dans le piège de la complaisance. À l’intérieur de ces tranches de vie difficiles, incarnées par deux formidables interprètes, la part belle est faite aux sensations et à la douceur de la lumière. En portant une attention délicate aux détails, Jordana Spiro (actrice dans les séries Dexter ou The Good Wife) signe un premier film d’une grande sensibilité. Ses choix de mise en scène sont aussi louables que la direction prise par le récit, qui surprend même lorsqu’il aborde, avec pudeur, la féminité adolescente. En préférant cela à une dynamique de vengeance qui ne reposerait que sur l’attente de la confrontation finale entre Angel et son père, la jeune cinéaste dévoile un talent d’observatrice évident, fondé sur une belle empathie envers ses personnages et le monde qu’elle donne à voir.
Long way home / De Jordana Spiro / Avec Dominique Fishback, Tatum Marilyn Hall / États-Unis / 1h27 / Sortie le 13 février 2019.