
Jarhead, vétéran de la marine, place toute sa désolation dans une violence qui ne cherche que le moment opportun pour exploser. La misère de son quotidien, la précarité de la situation de sa famille le poussent à convoiter la somme promise au vainqueur du « Donnybrook », un combat à mains nus organisé illégalement au milieu d’une forêt de l’Indiana.
On entend ce mot comme l’appel d’un nom légendaire, un monstre qui vivrait au fond des bois. « Donnybrook », expression scandée tout au long du film par les protagonistes, signalera l’aboutissement d’un road movie entraînant un père de famille, accompagné de son fils, et son futur adversaire, colosse ultra-violent recherché par la police. Tim Sutton, dont c’est le quatrième film, parvient en partie à peindre le portrait de l’Amérique délaissée qui lui tient à cœur, en posant dessus un regard sombre, soutenu par son héros incarné par Jamie Bell, convaincant dans sa rugosité. Cependant, le film donne l’impression de viser l’ampleur d’une tragédie sans y parvenir. On pense au premier film de Jeff Nichols, Shotgun Stories, mais ce que recherche Donnybrook reste du domaine de l’intention, ou de l’esquisse. Le film s’inscrit dans la veine d’un cinéma très identifié en manquant de prendre de la hauteur vis-à-vis de ses modèles, par des choix artistiques qui accumulent les maladresses. Une bande-son métal associée à l’agressivité, un discours déjà vu sur le choix par défaut de la violence pour s’en sortir, un policier très peu incarné… Le personnage le plus troublant et mystérieux reste celui qu’interprète Margaret Qualley (actrice prometteuse vue dans la série The Leftovers et Once upon a time in Hollywood de Quentin Tarantino), qui accorde une jouissance à sa victime avant de l’abattre de sang froid.
Donnybrook / De Tim Sutton / Avec Jamie Bell, Frank Grillo, Margaret Qualley / Etats-Unis / 1h41 / Sortie le 25 mars 2020 en VOD.