Le Serment de Pamfir

Au cinéma le 2 novembre 2022

© Condor Distribution

Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk réalise avec Le Serment de Pamfir, sa première fiction, une descente aux enfers dans les confins d’une Ukraine rurale.

Leonid est revenu. Travailleur immigré, c’est dans une profonde liesse qu’il retrouve son village, son fils, sa femme, son frère… Très vite, le passé ressurgit pourtant, ou plutôt se dévoile au spectateur. Des choix doivent se faire, des promesses se doivent d’être tenues, d’autres se doivent d’être brisées. Tout est là, tout couve doucement, jusqu’au départ de l’incendie.

La force de ce premier long-métrage fiction ne réside pas dans son scénario, finalement plutôt prévisible, ni dans une proposition esthétique marquante, mais dans la capacité du cinéaste à faire percevoir le poids du monde. Nous ne cessons de comprendre Leonid, comme si sa vie, sa situation, ses affects transparaissaient à l’écran. Toutes les clefs du récit ne nous sont pourtant pas livrées instantanément, et c’est cette justesse du timing, d’une exploration lente et sinueuse d’un territoire, où chaque signe appelle à en cartographier un autre, qui permet à Pamfir d’exister sur un autre plan que celui d’une pure narration. Une sorte de voyage détourné nous y attend, par des chemins de traverse, jamais direct, à la manière des contrebandiers du film. C’est au détour de cette piste retorse qu’une forme de témoignage de vie se révèle, et ce, dans une foule de dimensions aussi bien psychologiques que spirituelles, ou sociales. Porté par l’interprétation animale et pensive Oleksandr Yatsentyuk, Le Serment de Pamfir parle de l’Ukraine sans jamais tomber dans le didactisme, part du singulier pour mieux s’étendre à une situation plus large.

Tout n’y est évidemment pas parfait, certains cadres parfois spectacularisant semblent faire perdre sa dimension intime au film et certaines esbroufes de mise en scène sentent l’incertitude. Mais cette exploration d’un quotidien rural, de ses traditions, de ses visages, de cette concurrence dans la survie, fait du Serment de Pamfir, s’il n’est un grand film, une belle et sincère tentative de voir la dureté du monde sans oublier sa poésie.

Le Serment de Pamfir /  De Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk / Avec Oleksandr Yatsentyuk, Stanislav Potiak, Solomiya Kyrylova / Ukraine / 1h42 / Sortie le 2 novembre 2022.

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