
« A lot of this really happened » s’écrit en lettres blanches au début du nouveau film de David O. Russell, une fantaisie d’abord bienvenue qui prend finalement la forme d’une certaine désinvolture de l’auteur face à son sujet et provoque l’ennui.
Dans Amsterdam, David O. Russell tente de renouveler le schéma narratif et visuel du whodunit avec des procédés esthétiques et éléments scénaristiques proches de l’absurde. Mais si, en théorie, ces innovations ne sont pas inintéressantes, c’est leur application qui rate. La réalisation quelque peu baroque amuse au départ et finit par lasser ; les gros plans filmés dans des angles biscornus isolent les acteurs et l’on croit difficilement à la complicité entre ces trois amis. Trio d’ailleurs pour le moins inégal : Margot Robbie est resplendissante, Christian Bale est ravageur et John David Washington est insipide. Un cadrage appuyé par un montage qui tous deux font l’effet d’une bande-annonce de plus de deux heures dans laquelle on introduit chaque personnage (ou plutôt acteur) avec un plan et une punchline.
Les dialogues étant quant à eux constitués de jeux sur le langage, ils sont distrayants à entendre (ou à lire pour les spectateurs les moins anglophones) mais leur sens est délaissé, voire absent. Finalement, Amsterdam ressemble donc à un pari lancé entre amis : David O. Russell et sa panoplie d’acteurs se livrent à un exercice purement formel, qui ne vient finalement jamais servir le propos, pour le moins naïf.
Un projet complètement hermétique qui embête plus qu’il n’impressionne tant la forme s’avère indigeste et l’écriture frôle l’imbécilité. Pari manqué, donc.
Amsterdam / De David O. Russell / Avec Christian Bale, Margot Robbie, John David Washington, Anya Taylor Joy, Chris Rock, Rami Malek et Robert de Niro / États-Unis / 2h14 / Sortie le 2 novembre 2022.