Jacky Caillou

Au cinéma le 2 novembre 2022

© Arizona Distribution

Jacky Caillou. Quelle est cette œuvre au titre qui interpelle ? En amont de la projection, notre imagination divague déjà, tachant de concevoir ce que provoquerait un mélange entre le tuning et la culture beauf qu’évoque ce prénom d’une part, et le reflet de simplicité et d’innocence assimilé au prosaïque élément, nom antonomastique, d’autre part. Notre intuition est – presque – bonne (amateurs d’automobile, férus de véhicules à l’esthétique douteuse, friands de voitures aux accessoires inaccoutumés, passez votre chemin), le film repose pleinement sur des jeux d’oppositions.

Le premier long-métrage de Lucas Delangle, cette année programmé en ouverture à l’ACID Cannes, nous transporte dans un village des Alpes. Celui qu’on appelle Jacky (Thomas Parigi) mais qui se prénomme en réalité Thomas vit avec sa grand-mère (Edwige Blondiau). Cette dernière pratique le magnétisme pour guérir les malades des environs. Jacky s’adonne à son tour peu à peu à cette pratique : il veut aider Elsa (Lou Lampros), une jeune fille venue de loin, préoccupée par l’apparition d’une tâche mystérieuse sur son dos.

Dès l’ouverture du film, nous plongeons déjà dans un entre-deux. Le micro d’un magnétophone branché, nous avons accès à l’environnement sonore d’un ailleurs, traversant les espaces. Ainsi, nous comprenons qu’un lien s’exerce sur deux niveaux, entre ce que l’on voit et ce que l’on entend, entre ce qui est accessible et ce que l’on ressent. Le film, dans son procédé créatif s’établit lui-même à différents degrés. Sans effets spéciaux, Delangle nous donne à voir ce qui n’est pas palpable tout en passant par l’intermédiaire du corps, des mains, pour nous faire croire à ces forces invisibles. Pour les personnages comme pour les spectateurs, « faut y croire un peu pour que ça marche ».

Ici, les tumulus de pierres font aussi le lien entre deux mondes. S’ils font état d’un passage, comme les cairns que construisent les explorateurs sur les sentiers, ils sont également un moyen de communiquer avec les proches disparus. L’œuvre questionne le rapport aux souvenirs, aux anciens, à ce qui se transmet, dans un récit à la fois très ancré dans la réalité et pourtant fantastique.

Jacky Caillou. Dans cet univers thaumaturgique, se mélangent à l’authenticité de la vie d’un village, Jacky, le rapport à la nature, au territoire, à la naïveté, Caillou. Le récit de ce long-métrage nous séduit, reposant lui aussi sur un entre-deux contes, entre Le Petit Poucet et Le Petit Chaperon Rouge, mais également sur un entre-deux temps, aux allures intemporelles et pourtant très modernes. Où mèneront les cailloux que sème Delangle ?

Jacky Caillou / de Lucas Delangle / Avec Thomas Parigi, Edwige Blondiau, Lou Lampros, Jean-Louis Coulloc’h / France / 1h32 / Sortie le 2 novembre 2022

Auteur : Lise Clavi

Lise. Fondamentalement indécise, mais de cinéma, définitivement éprise. Mon année à travailler pour des festivals cinématographiques, mon temps libre à cultiver mon intérêt pour l’actualité artistique. Décoller vers une nouvelle destination pour filmer de nouveaux horizons.

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