
Bertrand Bonello dédie à sa fille adolescente un film sur le courage, plus précisément celui qu’il était nécessaire d’avoir pendant le confinement. Thématique de laquelle le cinéma n’avait pas encore eu le temps de s’emparer mais, au fond, a-t-on vraiment envie qu’il le fasse ? N’avons-nous pas déjà tout vu et tout entendu sur cette période de pandémie ? Détrompez-vous, vous n’avez jamais rien vu tel que Coma.
En temps d’isolement, l’imagination se porte sur ce qui nous entoure. Pour l’adolescente de Coma il s’agit de ce qui se trouve entre les quatre murs de sa chambre et les quatre bords de l’écran de son portable. Barbies qui prennent vie, vlog horrifique ou tutoriel cuisine, tout se mélange dans son esprit et elle peine à discerner le réel du fantastique. Bertrand Bonello fait preuve d’une virtuosité étincelante en jonglant avec les formats et les genres, que le montage fond ensuite ensemble ; un scrolling déjanté et inépuisable. Coma est une expérience quasi-sensorielle qui joue avec notre rapport ambiguë au réel : l’angoisse terrible qu’il nous procure et celle, presque encore plus terrible, d’en être coupé. Le cinéma a la faculté de nous faire vivre les deux.
Bonello réussit le pari de faire une œuvre extrêmement personnelle mais débordante d’humour, aux excentricités poétiques. Coma est un bijou d’ingéniosité, un film mystérieux sur les créatures que l’ennui peut inventer.
Coma / Bertrand Bonello / Avec Louise Labeque, Julia Faure, Gaspard Ulliel, Vincent Lacoste, Laetitia Casta, Anaïs Demoustier et Louis Garrel / 1h20 / France / Sortie le 16 novembre 2022.