Bertrand Bonello dédie à sa fille adolescente un film sur le courage, plus précisément celui qu’il était nécessaire d’avoir pendant le confinement. Thématique de laquelle le cinéma n’avait pas encore eu le temps de s’emparer mais, au fond, a-t-on vraiment envie qu’il le fasse ? N’avons-nous pas déjà tout vu et tout entendu sur cette période de pandémie ? Détrompez-vous, vous n’avez jamais rien vu tel que Coma.
Laetitia Casta et Louis Garrel incarnent à l’écran un couple proche de celui qu’ils forment dans la vie. Dans La Croisade, joyeuse comédie utopiste en salles depuis hier, leurs personnages se retrouvent confrontés à l’engagement écologique de leur fils : il a vendu les objets de valeur de ses parents pour mener à bien un projet collectif qui vise à lutter contre le réchauffement climatique. Discussion autour de ce film qui ose aller au bout de son idée, et d’un fossé entre deux générations.
La Croisade a été présenté au festival de Cannes dans une nouvelle section dédiée à l’écologie. Cet engagement était-il à l’origine de votre propos ?
Louis Garrel : Faire des films militants n’est pas mon cheval de bataille. C’est Jean-Claude Carrière qui m’a dit un jour : « J’ai écrit une scène d’ouverture, dis-moi ce que tu en penses. » J’ai trouvé la scène brillante, c’est la première que l’on voit dans le film. À la fin de la scène arrive le thème : des enfants qui se passionnent pour le changement climatique. J’ai rétorqué à Jean-Claude : « Mais c’est faux ! Des enfants qui tout à coup penseraient à l’écologie, ça n’existe pas. C’est une invention de scénariste. » J’en ai parlé autour de moi, mes amis trouvaient aussi l’idée gênante, on n’y croyait pas. Dans son coin, Jean-Claude a continué à travailler le scénario et, un jour, on a entendu parler de Greta Thunberg. Elle a fait la grève puis 500 000 enfants se sont mobilisés dans un même mouvement. Incroyable. Ce qui est fou, c’est qu’aujourd’hui tout le monde dira « évidemment que les enfants sont impliqués », ce qui n’était pas du tout le cas il y a trois ans !
Laetitia Casta : C’est un sujet qui obsédait Jean-Claude à la fin de sa vie, une vraie conviction. Louis n’est pas lui-même engagé et j’aime beaucoup la fusion d’écriture qui s’est produite entre eux. Avec d’un côté Louis très romantique et de l’autre Jean-Claude très terre à terre.
La Croisade aurait pu être un film d’anticipation, mais c’est devenu une comédie d’actualité.