
Dans Call me by your name, Luca Guadagnino s’était lancé le pari de filmer la naissance de l’amour, la floraison du désir. Il avait plongé – et nous avec lui – dans le désordre sentimental adolescent avec une sincérité bouleversante. C’est de cette sincérité, presque naïve mais surtout bornée, que manque Bones and all.
Le réalisateur fait le choix de traiter plusieurs thèmes mais leur exploration s’avère superflue. Dans Bones and all, l’association entre cannibalisme et romance à fleur de peau est maladroite, pour ne pas dire embarrassante. Les admissions d’amour sont entrecoupées de confessions de meurtre et ce désinvolte mélange abaisse la portée de l’un et de l’autre. La légèreté avec laquelle Guadagnino entend mettre en scène son sujet s’assimile à une certaine lâcheté dans son traitement. Cannibales mais gentils ? Certainement, car on ne mange que les méchants. Marginaux mais effrayés par la solitude ? Apparement, car il faut se séparer de sa famille mais on ne pense qu’à la retrouver. Le réalisateur, tout comme ses personnages, se cherche constamment des excuses et peine donc à convaincre. Ce manque d’honnêteté donne au propos un aspect factice et au film un effet dérisoire ; et l’on y trouve pas l’ombre d’une quelconque intensité.
Romance et horreur se succèdent platement, sans jamais fusionner pleinement. Les balades acoustiques en référence au premier genre deviennent pénibles, et le montage en hommage au second finit par ennuyer. La seule fusion que Bones and all réussit est celle d’une esthétique particulièrement pauvre et d’une histoire totalement désincarnée.
Bones and all / De Luca Guadagnino / Avec Timothée Chalamet, Taylor Russell et Mark Rylance / 2h10 / États-Unis / Sortie le 23 novembre 2022.