« C’est l’histoire la plus étrange que j’ai écrite à ce jour », notait Henry Miller à propos du Sourire au pied de l’échelle, au moment de sa publication en 1948. À l’origine, ce texte est une commande du peintre Fernand Léger, destinée à illustrer ses dessins de clown. À la croisée du roman, de la poésie et de l’essai philosophique, l’œuvre du romancier américain donne actuellement lieu, pour la première fois au théâtre en France, à un seul en scène prodigieux dans lequel Denis Lavant incarne le clown Auguste.
Dans La Loi des prodiges, François de Brauer incarne seul et minutieusement une panoplie de personnages pour nous raconter l’histoire de Rémi Goutard, un député qui cultive une haine sans pareil des artistes. Un spectacle merveilleux porté par un comédien épatant, qui affichait complet à Paris au théâtre de La tempête le mois dernier et entame actuellement une tournée en France.
Est-ce qu’il y a beaucoup d’éléments autobiographiques dans le spectacle ?
Fatalement quand tu écris, il y a toujours une part autobiographique pour que cela soit ancré dans quelque chose d’intime, même si tu pars dans des univers délirants. En plus, le seul en scène c’est très particulier, c’est exposer sa sensibilité radicalement. Si tu ne fais pas ça en tant qu’auteur et interprète, tu passes un peu à coté de l’exercice du seul en scène je trouve. J’ai improvisé par rapport à ces codes autobiographiques parce que j’ai été un spectateur totalement idolâtre de Philippe Caubère. C’est un acteur et auteur qui travaille sur ce mode la, il joue beaucoup de personnages tout en racontant sa vie. Alors assez rapidement, j’avais envie de me démarquer de ce maître et de raconter une histoire qui ne soit pas la mienne. Vraiment créer des personnages, les caractériser, structurer une histoire sur une longue période de vie. J’avais envie de ce côté épopée et biopic. Ça me paraît être la convention d’aujourd’hui pour faire un seul en scène d’être dans l’autobiographie. C’est un peu une facilité, dans le sens où tu te débarrasses du soucis d’imaginer. Moi je n’avais pas envie de me faciliter le travail et même, au contraire, je voulais me compliquer la tâche en me disant que j’allais imaginer toute une histoire. J’avais aussi des prétentions d’écriture de fiction depuis longtemps que je n’arrivais pas à mener à bien. Mais je crois que c’est parce que je n’avais pas encore trouvé ma manière d’écrire, qui se fait en jouant.
Michaël Hirsch régale le public du Studio des Champs-Elysées avec son spectacle Pourquoi ?, un seul en scène enjoué sur un personnage qui se pose constamment des questions. Pour l’occasion, le comédien a accepté de répondre aux nôtres.
Quel a été ton parcours ?
Je suis né et j’ai fait toute ma scolarité à Metz, jusqu’à mes vingt ans. Puis j’ai fait une prépa HEC et une école de commerce à Reims. Je me suis rendu compte, pendant mon année de césure, qu’en fait ce n’était pas trop ce que j’avais envie de faire. J’adorais raconter des histoires mais pour une cause qui me paraissait juste. Ça faisait déjà un petit bout de temps que je faisais du théâtre et j’avais commencé à écrire dès le moment où j’avais mis le pied dans l’entreprise, comme si quelque chose en moi n’était pas tout à fait comblé. Puis sur un concours de circonstances, en école de commerce, mon directeur est tombé sur des textes que j’écrivais, il m’a demandé si c’était ce que je voulais faire de ma vie et j’ai répondu que je ne savais pas exactement. Alors il a ouvert le grand amphithéâtre de l’école pour moi et m’a dit « voila, ton premier spectacle tu le joueras à l’école ! ». C’était super car c’était une manière de dire à mes parents merci beaucoup de m’avoir payé mes études mais finalement ce n’est pas vraiment ce que je veux faire. Donc à la fin de mon école de commerce, d’un commun accord avec moi-même et mes parents, je suis allé à Paris pour suivre les cours de Jean-Laurent Cochet. C’est un maître du théâtre, il considère le métier de comédien comme celui d’un artisan, un métier de faiseur et j’adorais cette idée !
Michaël Hirsch est charismatique et détendu, une certaine bienveillance émane du jeune comédien et met rapidement le public du studio des Champs Élysées à l’aise. Dans la salle intime, il nous raconte l’histoire, plus ou moins autobiographique, d’un jeune homme qui se pose différentes questions sur le monde qui l’entoure et lui-même, au fur et à mesure qu’il grandit et vieillit.