The Laundromat

Sur Netflix le 18 octobre 2019

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Gary Oldman et Antonio Banderas dans The Laundromat ©Claudette Barius/Netflix

L’annonce du projet faisait doucement rire. Une fiction sur les Panama Papers, cet immense scandale d’évasion fiscale, diffusée sur Netflix, plateforme qui n’hésite pas à ne pas déclarer tous ses impôts ? The Laundromat aurait du mal à être pris au sérieux s’il n’était réalisé par un cinéaste aussi malin que Steven Soderbergh, et engagé, lui qui s’inspire régulièrement des arnaques financières, qu’elles concernent la pollution de l’eau (Erin Brockovich, 2000), l’agroalimentaire (The Informant!, 2009), l’industrie pharmaceutique (Effets secondaires, 2013) ou, récemment et déjà sur Netflix, le milieu sportif (High Flying Bird, 2019).

« Le monde est dirigé par des hommes tapis derrière du papier ». Cette phrase dite par un des personnages résume bien la situation révélée par l’affaire des Panama Papers, dévoilée au grand jour en 2016, rendant compte de l’existence de centaines de milliers de sociétés offshore et des pratiques qui leur sont associées – optimisation fiscale, fraude fiscale, blanchiment d’argent. L’expression est pourtant erronée, car ce n’est pas vraiment derrière du papier que ces hommes se cachent, mais derrière des écrans, ce qui les rend d’autant plus abstraits. C’est à cette invisibilité qu’Ellen Martin (Meryl Streep) est confrontée. Suite à la mort de son mari noyé dans un accident de bateau, elle se rend compte que son assurance est une arnaque. Celle-ci n’existe tout simplement pas. Ellen remonte alors la chaîne, de fausses sociétés en personnes corrompues (dont une agent immobilier incarnée par Sharon Stone, que l’on aime toujours retrouver), jusqu’à découvrir la source de cette escroquerie monumentale. Avec elle, on passe d’un lieu du globe à un autre comme dans un James Bond, suivant une grande aisance narrative à visée pédagogique.

The Laundromat prend néanmoins le parti pris de développer plusieurs histoires à la façon d’un film à sketch, laissant un temps l’histoire d’Ellen de côté avant de la retrouver au sein d’une habile mise en abime, au risque de créer un déséquilibre. À mesure que l’on progresse, les histoires deviennent surtout des illustrations du propos. Le tout serait très inégal s’il n’était pas construit autour d’un fil directeur : les deux hommes qui sont à l’origine du scandale. Derrière ces sociétés-écrans, et notre propre écran, se trouvent Jürgen Mossack (Gary Oldman) et Ramón Fonseca (Antonio Banderas), les avocats dont le cabinet panaméen a encouragé une évasion fiscale sans limite. Ces deux gentlemen escrocs font du profit pour le donner aux riches en sirotant des cocktails en smoking, et sont le sel de la comédie satirique de Soderbergh. Archétypes du système qu’ils ont eux-mêmes organisé, ils se baladent au milieu des histoires, vulgarisant avec clarté le fonctionnement de leur commerce aberrant. Ils injectent une bonne dose de cynisme à un film qui n’en manque pas.

The Laundromat : L’Affaire des Panama Papers / De Steven Soderbergh / Avec Meryl Streep, Antonio Banderas, Gary Oldman, David Schimmer / Etat-Unis / 1h36 / Sortie sur Netflix le 18 octobre 2019.

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