
Pietro Marcello tente de continuer dans L’Envol la recherche esthétique et narrative qu’il avait concrétisée dans Martin Eden mais avec, cette fois, moins de conviction.
Il est indéniable que L’Envol est un conte à l’esthétique agréable et à l’histoire d’une naïveté séduisante, mais à partir de là, où allons-nous ? Nulle part. Les idées restent au stade d’idées. Le film se déroule comme un récit d’anticipation bucolique à quelque chose de plus saisissant, de plus grave, qui n’arrive finalement jamais. Et le spectateur, à l’image de la protagoniste, attend impatiemment.
Ce qui aurait été un court-métrage revigorant devient un long-métrage languissant. Toute la maestria de Marcello se perd dans une esthétique archaïque au profit d’une histoire sans réels enjeux. On y mélange fantastique, romance et musique sans qu’aucun ne soit élaboré. Avec Martin Eden, le réalisateur italien nous offrait un film disruptif ; il nous revient cette année avec une œuvre poussiéreuse. Les scènes se succèdent, aussitôt oubliées. Reste le charme et le talent imparables des comédiens – Juliette Jouan est irrésistible – mais, malheureusement, ça ne suffit pas.
En adaptant le texte mi-lyrique et mi-réaliste de Jack London, et en combinant images d’archive et prises de vue réelles (sans leur assigner de tonalité fixe), Pietro Marcello avait donné naissance à une sculpture rugueuse, belle dans ses irrégularités. Au contraire, pour L’Envol le cinéaste cherche à tout prix le gracieux et, en lissant constamment les bords de sa sculpture, cette dernière perd peu à peu de sa consistance.
L’Envol / De Pietro Marcello / Avec Louis Garrel, Juliette Jouan, Raphaël Thiery et Noémie Lvovsky / France – Italie / 1h40 / Sortie le 11 janvier 2022.