Le conte d’été est quasiment devenu un sous-genre filmique à part entière, traversant les décennies et les frontières, d’Ingmar Bergman (Monika) à Jacques Rozier (Du côté d’Orouët), en passant évidemment par le film éponyme d’Éric Rohmer. Bien que Kyuka – Avant la fin de l’été emprunte à beaucoup de ses prédécesseurs, le premier long-métrage du cinéaste grec Kostis Charamountanis semble, de prime abord, trouver sa principale filiation auprès du récent Aftersun, exploration familiale par le format DV. Mais à l’uniformité de Charlotte Wells, Kostis Charamountanis oppose une logique plus composite.
Qui dit nouvelle année dit certes «Bonne année !» mais surtout, top ciné de l’année qui vient de se terminer, dans les feux de champagne ou de rhum à dix balles, et peut-être pour nous cinéphiles dans quelques ultimes pépites filmiques. Des beaux films, 2023 en a eu son lot : en figure de proue (cocorico !) Anatomie d’une chute qui remporte La Palme d’Or et un succès mérité auprès des spectateurs. Outre le film de Justine Triet, 2023 marque aussi une année à vocation végétale puisque Les Feuilles mortes d’Aki Kaurismäki et Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan, s’octroient, eux aussi, des places de choix dans les tops de l’année (le constat écologique de la communauté cinéphile ?). Mais si les classements de chaque année en disent long sur l’état du monde et plus encore sur l’état de l’industrie filmique et de ses dynamiques (on notera l’écrasante omniprésence des films de la programmation Cannoise, plus qu’aucun autre festival), ils reflètent surtout la cinéphilie de leur auteur. Donc, les tops : tradition frivole et quelque peu surannée ? Sans doute. Mais l’occasion aussi de rattraper quelques rendez-vous manqués et de défendre une dernière fois les coups de cœur de la rédaction classés ici de 1 à 10, du plus au moins favori. Bonus : étant donné qu’en plus d’être subjectif, il s’agit là d’un exercice particulièrement restrictif (pour ne pas dire frustrant), la rédaction vous propose, en parallèle de ses dix films préférés de 2023, deux mentions spéciales. La première, pour le meilleur film de patrimoine, ressorti cette année, et la seconde, pour une œuvre non distribuée en France – c’est à dire que nous avons découvert cette année en arpentant les salles calfeutrées des projections de presse parisiennes ou les Palais de divers Festivals européens – et dont nous vous recommandons chaudement de guetter l’éventuelle sortie au cinéma !
Dans le très personnel Aftersun, Charlotte Wells imagine des vacances entre un père et sa fille, en Turquie. Ce que l’enfant prenait pour une désinvolture amusante ou des sautes d’humeur surprenantes chez son père deviennent autant de preuves criantes de son profond mal-être.