Deux pianos

Actuellement au cinéma

© Le Pacte

Les personnages de Desplechin ressemblent à des promeneurs qui arpentent les films comme de longs couloirs sans fin — couloirs de mémoire, de désir, de rêve — où ils pensent avancer en croyant s’approcher d’eux-mêmes, mais ne font que s’enfoncer plus profondément dans leurs propres énigmes. Les strates du temps et de la conscience s’y superposent et se répondent : le présent dialogue avec les souvenirs, les pressentiments envahissent la conscience, et les songes se confondent parfois avec la vie. Ce qui, autrefois relevait du vertige, devient ici, dans Deux Pianos, un mouvement plus apaisé, traversé d’une lumière nouvelle douce. Comme si, après tant d’années de tumulte intérieur, Desplechin contemplait enfin ses personnages avec une tendresse qui ne diminue rien de leur complexité, mais en éclaire délicatement les zones d’ombre.

Continuer à lire … « Deux pianos »

Mon Crime

Au cinéma le 8 mars 2023

© Carole Bethuel

La nostalgie est semble-t-il affaire de notre temps. Combien de sorties récentes nous replongent dans ces reconstitutions, se voulant souvent “esprit d’époque”, se targuant en quelque sorte de laisser voir “la vérité” d’un passé que l’on regrette, que l’on ne se lasse de contempler. D’aucuns pourraient y voir une forme de crainte d’un présent ou d’un futur moins lumineux que ces petites madeleines colorées. Voilà que François Ozon s’y met également (même si Peter Von Kant, Huit femmes et Potiche tenaient déjà du pastiche de film d’époque), avec la subtilité de ne pas reconstituer un temps mais d’en pasticher le corpus cinématographique. Résultat : une liesse ludique, le plaisir de l’ancien, la fougue du contemporain. 

Continuer à lire … « Mon Crime »

Les Amandiers

Au cinéma le 16 novembre 2022

© Ad Vitam

Le film s’ouvre sur une femme étranglée par un homme. Les insultes, menaces, déclarations d’amour pervers fusent, et entre les explosions de larmes et de cris s’intercalent, impitoyablement silencieux, les visages du jury. Nous sommes au concours d’entrée des Amandiers, Graal de tous les jeunes comédiens d’Europe, école que Valeria Bruni-Tedeschi a autrefois fréquenté et à laquelle elle rend ici hommage, à mi-chemin entre le souvenir fiévreux et la fiction.

Continuer à lire … « Les Amandiers »