Benoit Solès adapte la pièce de Hugh Whitemore pour nous raconter l’histoire d’Alan Turing et son rôle durant la Seconde Guerre Mondiale. À travers ellipses et flashbacks, le metteur en scène Tristan Petitgirard retrace la vie du génie mathématicien, que le film The imitation game (avec Benedict Cumberbatch) avait fait connaître au grand public en 2015.
Si la construction de la pièce et celle du film sont quasiment identiques (la musique utilisée sur scène faisant également grandement écho à la bande-originale d’Alexandre Desplat), le personnage prend une tournure plus théâtrale sur scène. Figure centrale rongée par des tics, excentrique et maniaque, l’homme qui a brisé l’Egnima (machine utilisée par les forces Allemandes pour coder leurs messages) s’envole dans ses déductions tandis qu’un autre acteur incarne autour de lui tous les autres personnages. La pièce récompensée par quatre Molières continue de se jouer au théâtre Michel mais nous propose un nouveau duo d’acteurs en alternance. Après Benoit Solès et Amaury de Crayencour, c’est Matyas Simon et Eric Pucheu qui reprennent admirablement le flambeau. Ils arpentent une petite scène étroite dont le fond s’illumine pour faire apparaître des projections : calculs, lieux et dates.
Sans aucun temps mort, les mots déclamés par les comédiens et la mise en scène se répondent habilement et se complètent astucieusement. Les différentes époques s’enchainent jusqu’à un final tragique nous donnant à voir le suicide de Turing, après sa condamnation en raison de son homosexualité. Mêlant passion et humour, La machine de Turing est une pièce à la construction intelligente qui donne vie à une histoire hors du commun.
La machine de Turing / De Benoit Solès / Avec Matyas Simon, Eric Pucheu, Benoit Solès, Amaury de Crayencour / Du 4 octobre 2018 au 27 juin 2020 au théâtre Michel.
CULTURE AUX TROUSSES 