Sortie en exclusivité sur MUBI, la dernière réalisation de Yórgos Lánthimos est un court métrage aussi bref que déroutant, et qui le sera d’autant plus pour qui n’est pas familier de l’œuvre du réalisateur grec. Matt Dillon y incarne un violoncelliste vivant avec sa femme et ses trois enfants, suivi jusque chez lui par une femme imitant tous ses faits et gestes, apparemment déterminée à le remplacer.
Parce que leurs contenus sont si singuliers et leurs héros tellement torturés, les films de Lars von Trier incitent souvent le spectateur à y chercher la figure de leur auteur. Pour tenter de comprendre comment parvenir à créer de telles visions… Faut-il voir dans The House that Jack Built un portrait de Lars von Trier en serial killer ? On le retrouve, en creux, moins dans la part de tueur psychopathe de Jack, encore heureux, que dans celle de ses névroses. L’un des problèmes du tueur incarné par Matt Dillon, qui agit en esthète du crime en le considérant comme un art, réside en ce qu’il ne parvient pas, matériellement, à bâtir sa maison. Comme la marque de son incapacité à se faire une place dans le monde, à mener à bien ses désirs d’architecture – jusqu’à ce que soit apportée une résolution à la fois morbide et impressionnante. À travers sa réflexion sur le mal, le film met en scène des problématiques intimes à la création.