Dirty God

Au cinéma le 19 juin 2019

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Vicky Knight incarne Jade, victime d’une attaque à l’acide ©The Jokers/Les Bookmakers

Son ancien petit ami lui a lancé de l’acide, elle doit reconstruire sa vie avec des blessures qui ne partiront jamais. Jade sort de l’hôpital défigurée et affaiblie, tant physiquement que psychologiquement. Elle retrouve sa mère, dépassée par ses responsabilités, et sa fille de deux ans, terrorisée par le nouveau visage de sa mère. Le geste destructeur ne nous sera pas montré, car Dirty God se centre sur la reconstruction post-traumatique. Jade n’a pas d’autre choix que d’aller de l’avant pour apprendre à vivre avec sa personne abîmée, à refaire corps avec sa féminité. La symbolique d’un raccord montrant la jeune fille dans le train fantôme d’un parc d’attraction puis dans le métro résume bien l’épreuve difficile qu’elle va devoir surmonter.

Pourtant, dès les premiers plans, en filmant la peau de son héroïne comme s’il s’agissait d’un paysage éclairé par le soleil, la réalisatrice Sacha Polak affirme son intention de traiter la gravité de son sujet en en prenant le contre-pied esthétique. Pour son troisième long-métrage, elle choisit une palette de couleurs fortes, un rythme musical et évite soigneusement de provoquer toute forme d’apitoiement, ce qui aurait pu être l’écueil principal du film. Le véritable pari gagnant, c’est d’avoir misé sur l’incarnation de Jade par l’actrice Vicky Knight, dont c’est le premier rôle au cinéma. Elle est de tous les plans, apportant avec personnalité l’émotion dure de son propre vécu – l’actrice partage en effet les cicatrices de son personnage, puisqu’elle a été victime d’une intense brûlure à cause d’un incendie criminel lorsqu’elle était enfant. Grâce à son cheminement vers la résilience, elle incite constamment à interroger le regard que l’on pose sur elle. Des collègues moqueurs, des partenaires humiliants en ligne sur internet, mais aussi une rencontre bienveillante et l’émergence d’une histoire d’amour englobent les différentes expériences du regard de l’autre que l’on peut éprouver avec un tel handicap, mais aussi lorsqu’on est tout simplement une jeune femme qui se cherche dans la société actuelle. Si des éléments du réalisme social typiques d’un nouveau cinéma indépendant sont parsemés ici et là, le parcours à la fois très violent et progressivement consolateur de Jade retient l’attention.

Dirty God / De Sacha Polak / Avec Vicky Knight, Katherine Kelly, Eliza Brady-Girard / Royaume-Uni – Pays-Bas – Irlande – Belgique / 1h44 / Sortie le 19 juin 2019.

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