Alors que la prochaine œuvre de Bong Joon-ho se fait toujours désirer, les salles françaises s’offrent la ressortie de The Host, paru 17 ans plus tôt et bénéficiant d’une cure de jouvence 4K. Voilà l’occasion de redécouvrir le réalisateur sud-coréen en pleine jeunesse et aux rênes d’un blockbuster multi-face qui brisa tous les records d’audience en Corée mais demeura assez confidentiel chez nous. Plus d’une décennie avant le triomphe planétaire de Parasite, Bong Joon-ho prouvait-il déjà son génie ?
Le cinéma du sud-coréen Bong Joon-ho a toujours investi les genres avec une éblouissante maîtrise formelle, au service d’un constant plaisir du récit et d’un discours clairvoyant sur son époque : le film policier avec Memories of Murder (2003), la science-fiction avec Snowpiercer (2013) ou encore la fable écologiste avec Okja (2017). Parasite, quant à lui, se trouve à la croisée du drame, du thriller et de la comédie, mêlant admirablement bien l’exercice de mise en scène à la réflexion sociale. Le film oppose deux familles : d’un côté, les Kim, vivant à l’étroit dans un sous-bassement piteux à peine ouvert sur l’extérieur, obligés de se connecter à la wi-fi des voisins et gagnant un peu d’argent en pliant des cartons à pizza ; de l’autre les Park, riches bourgeois habitant une maison d’architecte – le fils est un enfant-roi, les parents ont la naïveté de ceux qui n’ont jamais manqué de rien. Le point de contact entre ces deux familles que tout oppose intervient par l’intermédiaire du fils des Kim, à qui un camarade propose de le remplacer pour donner des cours d’anglais à la fille des Park. Il fabrique un faux diplôme (ce qui lui vaut les éloges de son père), et obtient son passe-droit pour pénétrer dans la demeure ultra-moderne. Le jeu d’imposture et le duel de classes peut commencer.