
Condamné pour avoir provoqué un incendie, Amador sort de prison et retourne vivre chez sa mère, dans une ferme située en Galice. Pyromane pointé du doigt, il n’est pas le bienvenue dans son village, ses voisins voient en lui la possibilité d’un nouvel incendie… Deuxième fiction du réalisateur franco-espagnol Olivier Laxe, récompensée par le prix du jury de la section Un Certain Regard à Cannes, Viendra le feu est un drame contemplatif dont le parti pris esthète ne parvient pas à combler son manque d’enjeux.
La nature s’impose dès les premières secondes comme le véritable centre de gravité du long-métrage. Filmés dans toute leur majesté, les paysages forestiers se dévoilent autant qu’ils se rétractent à l’appréhension de l’homme, dans une approche sensorielle donnant lieu à des séquences marquantes : des machines qui broient les arbres, des flammes ravageuses ou l’atmosphère diffuse et brumeuse qui accompagne beaucoup de séquences. Pourtant, la puissance poétique visuelle indiscutable développée par le film ne nous mène pas très loin, seulement vers un climax assez attendu. La lenteur qui s’installe commence par sidérer avant de se dévitaliser, sans contrebalancer sur toute la durée l’extrême simplicité narrative – le traitement de la relation singulière qui lie le fils à sa mère aurait mérité plus de profondeur. Reste alors de belles images, et un personnage central captivant par son mystère. Nous en apprendrons très peu sur Amador, homme verrouillé qui ne dit mot, paria dans sa propre contrée. Il a l’allure d’Harry Dean Stanton, avec un regard qui semble cacher quelque chose qui ne nous sera jamais révélé, filmé dans une sorte d’attraction nonchalante.
Viendra le feu / D’Olivier Laxe / Avec Amador Arias, Benedicta Sánchez, Inazio Abrao / Espagne, France, Luxembourg / 1h25 / Sortie le 4 septembre 2019.