
Sam et Tusker, la cinquantaine, conduisent une caravane sur une petite route de campagne, apparemment perdus. Il est évident qu’ils s’aiment, depuis longtemps, mais quelque chose semble planer sur eux. On apprend bientôt que Tusker est malade.
En dépit de ce que pourrait laisser présager sa bande-annonce – qui semble tenter de faire passer pour un tire-larme convenu ce qui est en réalité un drame sincère – toute la beauté de Supernova vient de sa retenue. La mise en scène, sobre mais précise, met tout en œuvre pour capter le mieux possible la justesse des dialogues et surtout les admirables performances des interprètes ; une réelle alchimie est à l’œuvre entre Colin Firth et Stanley Tucci.
Supernova n’est pas un film sur la maladie, mais sur les conséquences de son annonce, cette double scission qu’elle vient créer dans le couple en y recréant de l’altérité : non seulement leur avenir ne peut plus se penser à deux, mais la conscience du problème suscite des réactions différentes chez chacun. Il est alors nécessaire pour Sam et Tusker de retrouver cette unité perdue ; ce à quoi l’on assiste notamment lorsque Tusker annonce sa maladie à ses amis au cours d’un dîner. Submergé par l’émotion, il fait lire par Sam le texte qu’il a préparé ; la voix de l’un prononce les mots de l’autre, ils refont corps.
Une scène, et une seule, suffit pour faire comprendre au spectateur le drame qui se joue. Une scène filmée de loin, discrètement, comme par égard pour son personnage. Car Tusker explique vouloir qu’on se souvienne de lui comme il était, et pas comme la maladie le rendra. C’est précisément le cadeau que lui fait le film.
Supernova / De Harry Macqueen / Avec Colin Firth, Stanley Tucci, Pippa Haywood / Angleterre / 1h34 / Sortie le 8 septembre 2021.