
Avec De nos frères blessés, Hélier Cisterne réalise son deuxième long métrage après Vandal (2013). À l’origine du film, un roman et un homme : dans son premier livre du même nom, l’écrivain Joseph Andras exhumait la trajectoire oubliée (et pourtant peu ordinaire) de Fernand Iveton, un pied noir qui s’est battu pour l’indépendance de l’Algérie dans les années 1950.
Hélier Cisterne s’est emparé de la vie du couple Iveton comme d’un prisme pour donner à voir une guerre longtemps passée sous silence. C’est l’histoire individuelle qui fait voir l’histoire universelle : l’amour qui lie Hélène et Fernand est au premier plan, mais c’est un cri patriote (« Vive l’Algérie ! ») prononcé depuis les geôles de la prison de Barberousse à Alger qui ouvre et clôt le film. Le travail de documentation et de reconstitution qui a été effectué donne sa force à un film qui s’évertue à représenter avec sobriété mais sans concession la violence de l’administration et de la justice française au cours de cette guerre.
Si l’on peut regretter le systématisme du montage qui alterne les temporalités de la romance et du procès, De nos frères blessés est un drame historique bien réalisé, à la photographie classique et prudente. Le 35 mm est employé pour montrer avec une distance critique un temps révolu, et les images ne s’égarent pas dans une esthétisation qui serait mal à propos. Et c’est enfin par une interprétation juste et sans fioritures que le couple formé par Vincent Lacoste et Vicky Krieps nous emporte et nous émeut.
Co-production franco-algérienne tournée à Alger, De nos frères blessés entretient le devoir de mémoire. C’est en somme un film politique au sens premier du terme : à voir pour apprendre et pour ne jamais oublier.
De nos frères blessés / De Hélier Cisterne / Avec Vincent Lacoste et Vicky Krieps / France, Belgique, Algérie / 1h34 / Sortie le 23 mars.