Le Cours de la vie

Actuellement au cinéma

© Tabotabo films et Sombrero films

Après la jeunesse d’un auteur (The Fabelmans), les coulisses d’une salle de projection (Empire of Light), et la décadence de toute une industrie (Babylon), c’est au tour de Frédéric Sojcher de célébrer cette année les vices et les forces du cinéma. Sept ans après une exploration du métier de comédien dans Je veux être une actrice, il se penche dans Le cours de la vie sur la pratique souvent ignorée du scénario.

À l’ENSAV, école de cinéma toulousaine, des étudiants se réunissent pour la masterclass de Noémie (interprétée par Agnès Jaoui), scénariste à succès dont personne n’a vu les œuvres. En filigrane des conseils controversés et des exercices insolites se dessine une autre raison derrière la venue de Noémie, en particulier en relation avec Vincent (Jonathan Zaccaï), le proviseur à fleur de peau qui fuit sa femme depuis plusieurs mois.

La cours de la vie s’apparente à un surprenant exercice de style. Adaptation d’un essai d’Alain Layrac (qui signe ici le scénario), le récit se déroule sur moins de 24 heures, principalement durant le cours de Noémie. Rendre une conférence passionnante est un sacré défi que le film relève en faisant de ce cours le théâtre de micro-affrontements entre les élèves et la professeure, ainsi qu’entre Noémie et Vincent, l’amant éconduit, qui tel un fantôme hante le gradin. Des liaisons subtiles s’établissent entre l’écriture scénaristique et la vie réelle, sans verser dans le cliché, cultivant quelques implicites, suggestions savoureuses.

Car le cœur de l’histoire de Frédéric Sojcher est bien sûr la rencontre entre Noémie et Vincent, jusqu’alors séparés par des décennies de regrets et de silence. Si l’on pouvait craindre une romance déjà vue entre deux ex amants qui ravivent leur passion, le film évite cet écueil pour préférer le pardon et l’au revoir thérapeutique entre ces deux personnages que tout rapproche et éloigne. Agnès Jaoui fait contraster son talent oratoire de conférencière avec une légèreté magnétique, lors de ces échanges avec Jonathan Zaccaï qui quant à lui exprime merveilleusement une souffrance intériorisée et autodestructrice. Si l’on note trop souvent une certaine mièvrerie, notamment lors de scènes alourdies par les accompagnements pompeux de Vladimir Cosma, Le Cours de la vie se révèle être une œuvre poétique et sincère, célébration du scénario et des passions qui en découlent pour le meilleur comme pour le pire.

Le Cours de la vie / de Frédéric Sojcher / avec Agnès Jaoui, Jonathan Zaccaï, Geraldine Nakache / France / 1 h 30 / Sortie le 10 mai 2023

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