Les pistolets en plastique

Festival de Cannes 2024

© Bac Films

Après Oranges Sanguines, Jean-Christophe Meurisse continue de tracer sa route dans la comédie cynique et gore. Librement inspiré de l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès, Les pistolets en plastique s’intéresse à tous ceux qui gravitent autour du meurtre. De médecins légistes à détectives en passant par groupies et danseurs country, le film est constitué de saynètes sur ce même thème.

Les gens ont tendance à s’épancher sur leur mal-être. Qu’il s’agisse de votre voisine dans l’avion, d’une gardienne d’immeuble ou d’un ami trop alcoolisé, leur vie vous a déjà concerné, malgré vous, pendant un moment. Ces personnages répriment leurs souffrances pour les vomir verbalement sur ceux qui ont le malheur de croiser leur route. Le seul à s’être extirper de ce cycle de monologues égocentriques ? Paul Bernardin (l’excellent Laurent Stocker). En ayant agi (il tue sa femme et ses trois enfants), il a extériorisé sa rage et n’a plus de nécessité de la conter à autrui. Il est désormais paisible, libre. 

Le film de Jean-Christophe Meurisse aurait pu être un réquisitoire hardi et insolent du passage à l’acte : la violence refoulée n’apporte rien de bon, la violence assumée promet sérénité. Mais à force de digressions, il perd de vue le principal parallèle à tisser entre Paul Bernardin et tous ceux qui l’envient secrètement. Il semble que chaque vignette pourrait exister indépendamment du reste du film (à l’image de sketchs Youtube, par exemple). S’il possède un propos original, Les pistolets en plastique peine à construire une structure narrative ou esthétique cohérente autour de ce dernier. Le film devient alors comme ses personnages : dégoulinant de désespoir, suintant de malaise. Sans nécessairement appeler à la retenue, l’enjeu du film pouvait demander une architecture plus rigoureuse, moins hasardeuse, voire désinvolte. Car à force de tout faire déborder, il finit par ne plus rien rester…

Les Pistolets en Plastique / De Jean-Christophe Meurisse / Avec Laurent Stocker, Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Gaëtan Peau / France / 1h35 / Festival de Cannes 2024 – Quinzaine des Cinéastes.

Auteur : Chloé Caye

Rédactrice en chef : cayechlo@gmail.com ; 0630953176

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