Ithaque, Notre Odyssée 1

Théâtre de l’Odéon

Saison 2018-19 Théatre de l'OdeonITHAQUE Our Odyssey 1 by Christiane Jatahy  inspired by Homer’s work with Karim Bel Kacem, Julia Bernat, Cédric Eeckhout, Stella Rabello, Matthieu Sampeur, Isabel Teixeira
© Elizabeth Carecchio

On avait déjà pu voir le travail de Christiane Jatahy à la Comédie Française l’année précédente avec La Règle du Jeu, basée sur le film de Renoir. la metteur en scène brésilienne revient cette année avec Ithaque, Notre Odyssée 1 à L’Odéon. Nouvelle pièce encore une fois dite « immersive », ayant pour origine l’Odyssée d’Ulysse. Cependant pour Ithaque, ce n’est pas vraiment une immersion au sens propre du terme, les spectateurs ne sont pas introduit dans un autre univers ou époque et ne participent pas à l’intrigue. Ici, ils sont uniquement pris comme témoins et les acteurs s’adressent à eux dans leur capacité de spectateurs. Pas de quatrième mur donc pour cette transposition de l’Odyssée à notre époque. 

La salle est divisée en deux partie, séparées de deux rideaux sur lesquels seront projetées les traductions françaises de certaines répliques parlées en portugais. D’un côté l’action se déroule à Ithaque, où Penelope attend le retour d’Ulysse. Penelope est jouée par trois actrices et ses prétendants par les trois acteurs. L’autre côté met en scène l’île sur laquelle Ulysse, interprété par les trois mêmes acteurs, est piégé avec Calypso, jouée par les trois actrices. Au milieu de la pièce, les spectateurs sont invités à échanger de coté pour assister à la deuxième moitié. Idée assez originale et qui peut s’avérer intéressante si exploitée correctement. Dû au coté interactif de la pièce, les spectateurs sont au début très attentifs et curieux alors que les acteurs s’adressent à eux. Cependant cette curiosité se perd au fur et à mesure que l’action progresse. En effet, rien ne se produit et l’intrigue s’enlise. Dans La Règle du Jeu aussi, une ambiance de fête permettait une mise en tension grandissante entre les personnages, mais celle d’Ithaque prend trop de temps. La gravité de la situation paraît irréaliste voir inexistante. Si la notion du dialogue en portugais vient en quelque sorte redéfinir la notion d’étranger et lui donner un sens plus politique et moderne, le texte reste cruellement vide. 

Lorsque le point culminant arrive enfin et les deux parties de la scène ne deviennent plus qu’une, la pièce se prolonge encore et perd à nouveau de son intensité. Une fin un peu à rallonge pour pouvoir placer des caméras et projections qui n’apportent rien à la mise en scène et semblent uniquement répondre à un effet de mode qui existe au théâtre en ce moment. Dès son commencement la pièce ne se dirige nul part. N’importe quelle autre fin que l’on peut imaginer à la place de celle choisie ne paraîtrait pas aberrante. L’oeuvre ne possède aucun fil narratif directeur et la mise en scène alterne entre provocation et sauts d’humeur des personnages. On croit assister à une pièce expérimentale, à moitié improvisée et qui ne sait pas à quel moment s’arrêter.

Les décors sont quant à eux prometteurs, tout comme travail des acteurs qui est à applaudir. Ils sont tous très justes et réalisent une performance incroyablement physique. Cependant, l’originalité de l’idée de base et le jeu des acteurs ne suffisent pas à sauver l’oeuvre entière qui ne possède, en soi, pas grand intérêt. 

Ithaque, Notre Odyssée 1 / Mise en scène de Christiane Jatahy / Avec Karim Bel Kacem, Julia Bernat, Cédric Eeckhout, Stella Rabello, Matthieu Sampeur, Isabel Teixeira / Du 16 mars au 21 avril 2018 au théâtre de l’Odéon.

Auteur : Chloé Caye

Rédactrice en chef : cayechlo@gmail.com ; 31 rue Claude Bernard, 75005 Paris ; 0630953176

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