Amore mio

Dans la mémoire du téléphone de Lola, sont gravées des vidéos d’épisodes d’un amour complice aux côtés du père de son futur enfant. Si les procédés photographiques et vidéographiques ont le pouvoir de garder la trace des êtres pourtant voués à disparaître, ils matérialisent l’immatériel : la mémoire. Quand meurt l’être aimé, ce sont à ces souvenirs que l’on s’accroche. C’est ainsi que Gaspard, ayant fait sien le mobile de Raphaël, son père, continue de vivre à travers son image. Est-ce par mimétisme ? Est-ce par pression sociale ou familiale ? Est-ce par besoin personnel ?

Pour son premier long-métrage, Guillaume Gouix, habitué du devant de la caméra, prend le parti d’alterner images d’un présent et images d’archives pour dépeindre les relations entre les individus – et curieusement à la manière d’Aftersun, œuvre de la réalisatrice Charlotte Wells également sortie en salle ce mercredi 1er février. Ancré dans la contemporanéité de nos moyens de communication à l’ère de l’image de poche, Gouix fait état de ce qui reste, de ce qui nous relie toujours, entre un père et une mère, entre la vie et la mort.

Les bruits de la circulation devenus assourdissants persécutent perpétuellement Lola, ne faisant que lui rappeler l’origine du décès de Raphaël. Le réalisateur opte pour une captation  en gros plan et caméra épaule, mettant ainsi en exergue le mouvement perpétuel de ses personnages. « Je veux juste rouler » déclame Lola. De manière antithétique, pour échapper à la réalité de cette épreuve, elle fuit sur les routes et entraîne avec elle sa soeur Margaux, et le jeune garçon. Le road-movie, s’il alterne avec subtilité des motifs visuels caractérisant les liens entre ces membres d’une même famille, oscille cependant vers un ton fruste qui le dépare considérablement. On regrette de plus un excès de dialogues qui alourdissent l’écriture de cet intelligent scénario. 

Amore Mio / De Guillaume Gouix / Avec Alysson Paradis, Élodie Bouchez, Viggo Ferreira-Redier / France / 1h20 / Sortie le 1er février au cinéma.