Queerpanorama

Actuellement en ligne

© Dulac Distribution

« On n’est peut-être pas fait pour un seul moi. On a tort de s’y tenir. Préjugé de l’unité. » – Plume, Henri Michaux, 1938

Le panorama est ce qui nous fait voir de haut. Dans un paysage tout peut sembler minuscule ou interchangeable, et seulement quelques silhouettes se distinguent au milieu d’un tapis de similitudes. Le panorama désigne aussi un trompe l’œil : une peinture se faisant passer pour une vitre, mais qui n’est qu’un mur recouvert d’imitations. 

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Mektoub My Love : Canto Due

Actuellement au cinéma

Retrouver la bande d’Amin dans Canto Due, c’est d’abord éprouver une étrange sensation de déjà-vu. Le temps, ici, semble s’être suspendu. Sept ans pour nous, quelques jours pour eux : cette disproportion crée un léger vertige. Sous le soleil de Sète, les visages semblent figés dans un été qui refuse de s’achever, comme si les personnages étaient enfermés dans un marivaudage immuable et qui prête au film des allures de série B.

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Wicked : For Good

Actuellement au cinéma

© Universal Pictures

Retour à la cité d’Émeraude : après avoir découvert la supercherie du magicien d’Oz, Elphaba défie la gravité et part se réfugier dans des contrées plus éloignées, à l’Ouest… Alors que le premier opus mettait en avant un message politique certes louable mais aussi éculé, le second se construit autour d’un enjeu narratif plus spécifique : la désinformation. Le propos – naïf mais nécessaire – demeure le même : ne pas se fier aux apparences. Cependant, dans ce volet, son exploitation gagne en densité.

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La Diplomate

Disponible sur Netflix

© Netflix

Dans La Diplomate, Deborah Kerr met en scène la vie de Kate Wyler, ambassadrice américaine au Royaume-Uni. Les premières saisons se centraient principalement sur l’adaptabilité de Kate : son passage des États-Unis à Londres (le centre névralgique d’enjeux narratifs et de péripéties géopolitiques se déplaçant évidemment avec elle) et sa campagne discrète pour devenir vice-présidente. Mais la fin de la troisième saison (la mort du président des États-Unis) laissait présager de nouvelles intrigues hautement plus rocambolesques. 

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Running Man

Actuellement au cinéma

© Paramount Pictures

Comment fabriquer un héros d’action en 2025 ? C’est la question que pose ce Running Man revisité par Edgar Wright, trente-huit ans après une première adaptation kitsch et musclée par Paul Michael Glaser, quarante-trois ans après l’œuvre originale de Stephen King. Signé Richard Bachman, alias généralement réservé à ses fictions ancrées dans le réel les plus désespérées, le roman paraissait dans un contexte bien particulier : après une décennie 1970 marquée par la désillusion, le peuple américain retrouvait la foi en ses institutions en catapultant une star de cinéma à la Maison Blanche. L’accession à la présidence de Ronald Reagan en 1981 faisait entrer de plein pied les États-Unis dans le règne de l’image : qu’importe le fond, pourvu que la forme soit suffisamment séduisante pour nous rallier à sa cause. Dans cette nouvelle ère, le cinéma se faisait le vecteur de récits triomphalistes fallacieux, menés par des corps masculins sculptés par le bodybuilding et les stéroïdes, eux-mêmes devenus pures surfaces.

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A House of Dynamite

Disponible sur Netflix

© Netflix

A House of Dynamite, nouveau film de Kathryn Bigelow sorti directement sur Netflix, reprend là où Zero Dark Thirty (2012) s’était arrêté ; aux portes d’un monde presque intégralement basculé de « l’autre côté », patiemment fondu et absorbé dans son envers numérique, univers d’informations et d’images. La fin en suspens du magnum opus de Kathryn Bigelow centré sur la traque de Ben Laden – « Où voulez-vous aller ? » adressait-on à Maya (Jessica Chastain), enquêtrice défaite d’avoir enfin trouvé et exécuté sa cible – ouvrait sur un vertige dans lequel s’engouffre ce film-ci. La cinéaste délaisse pour l’occasion la fiction inspirée de faits réels (son sillon de Démineurs à Detroit), imaginant ex nihilo une frappe nucléaire imminente sur le territoire américain et la réponse simultanée des différentes agences gouvernementales, de la situation room au président lui-même. Son objectif pourtant reste le même : se placer, à coups de missiles atomiques s’il le faut, à un point d’incandescence du monde d’aujourd’hui.

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Honda Romance

Théâtre de l’Odéon

© Odéon – Théâtre de l’Europe

Le rideau s’ouvre, Vimala Pons est écrasée sous le poids d’un satellite Honda qui se dit amoureux d’elle. Cette première scène annonce la couleur : l’image de ce satellite en polyester qui occupe la scène provoque le sourire amusé de quelques spectateurs. Deuxième tableau : seule au milieu de la scène, la comédienne lutte contre des canons à air. La première fois qu’ils retentissent, c’est un sursaut qui s’échappe des lèvres des spectateurs. Honda Romance est une pièce qui cherche à susciter une réaction chez le spectateur ; pour ce qui est de la réflexion, on repassera. 

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Deux pianos

Actuellement au cinéma

© Le Pacte

Les personnages de Desplechin ressemblent à des promeneurs qui arpentent les films comme de longs couloirs sans fin — couloirs de mémoire, de désir, de rêve — où ils pensent avancer en croyant s’approcher d’eux-mêmes, mais ne font que s’enfoncer plus profondément dans leurs propres énigmes. Les strates du temps et de la conscience s’y superposent et se répondent : le présent dialogue avec les souvenirs, les pressentiments envahissent la conscience, et les songes se confondent parfois avec la vie. Ce qui, autrefois relevait du vertige, devient ici, dans Deux Pianos, un mouvement plus apaisé, traversé d’une lumière nouvelle douce. Comme si, après tant d’années de tumulte intérieur, Desplechin contemplait enfin ses personnages avec une tendresse qui ne diminue rien de leur complexité, mais en éclaire délicatement les zones d’ombre.

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La rumeur

San Sebastián International Film Festival 2025

© 1961 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. 

Lorsque Lillian Hellman, à qui le festival de San Sebastián dédie une rétrospective, écrit La rumeur, représenter ou faire allusion à l’homosexualité sur scène est illégal dans l’État de New York. Le réception critique et publique de sa pièce lui permet de braver cette interdiction et de monter l’œuvre à Broadway. En 1936, William Wyler en tourne une version. Mais sous le Code Hays, l’objet de la rumeur (l’homosexualité des deux professeures) est transformée en tromperie hétérosexuelle. C’est seulement en 1961 que Wyler pourra réaliser une nouvelle adaptation et un remake de son propre film, reprenant cette fois les thèmes originels de l’œuvre d’Hellman. 

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Nuremberg

San Sebastián International Film Festival 2025

© Scott Garfield

Dans Nuremberg, James Vanderbilt retrace les événements qui mènent au procès historique. Ce qui intéresse principalement le cinéaste ce sont les échanges (fictifs) entre les prisonniers nazis et un psychiatre envoyé par l’armée américaine pour étudier leur comportement et éviter toute tentative de suicide. Un programme alléchant que Nuremberg réduit rapidement et efficacement à néant. 

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