
La La Land c’est le film qui remet les comédies musicales à la mode, avec une promotion monumentale, des attentes incroyables autour du film, une pluie de nominations pour toutes sortes de récompenses. A première vu, que du positif pour les adeptes de ce genre, pas très populaire auprès des nouvelles générations. Pourtant les passionnés de comédies musicales ont été les plus nombreux à critiquer le film, tandis que ceux qui ne s’y intéressent pas particulièrement ont tous été séduit. Alors pourquoi autant de division autour du film de Damien Chazelle, le réalisateur qui avait marqué les esprits en 2014 avec l’excellent Whiplash. La La Land est un film exemplaire dans sa réalisation, les couleurs et la mise en scène sont remarquables, on ne peut rien reprocher au réalisateur qui exerce son art avec une maitrise parfaite. Cependant ce que le film accomplit principalement c’est de rendre hommage aux comédies musicales classiques. Il s’agit d’un genre qui ne cesse de s’inspirer de ses prédécesseurs en utilisant les mêmes codes et règles, pourtant chaque grande comédie musicale parvient à les détourner afin d’y ajouter sa marque. L’enjeu devient alors de rendre un hommage tout en apportant quelque chose de nouveau au genre, ce que La La Land peine à faire. L’apogée du film est son superbe épilogue qui reprend cependant au plan près des classiques comme Un jour à New York, Les Parapluies de Cherbourg, Un Américain à Paris ou encore Broadway qui danse, parmi beaucoup d’autres. Chazelle nous propose un condensé des plus belles scènes des comédies musicales et les recrée magistralement. Si le cinéaste s’était contenté de cette séquence onirique afin de témoigner de son amour pour les comédies musicales, alors il aurait pu apporter un peu d’originalité au reste du film. Or, le film entier n’est qu’une pale copie d’oeuvres déjà réalisées; dès la scène d’ouverture on éprouve un sentiment de déjà vu avec des chorégraphies et une séquence qui rappelle celles Jacques Demy. Pendant tout le film ce sentiment ne nous quitte pas et Chazelle ne parvient jamais à dépasser cet aspect de référence qui aurait fait bon office pour un court métrage mais captive difficilement le spectateur sur le long terme.
En effet dans un premier temps même le scénario ne semble présenter aucun enjeu particulier et surtout a déjà été traité sous tous les angles possibles. Une histoire qui évolue autour d’une mise en abyme du cinéma Hollywoodien – c’est le principe au coeur de Chantons sous la Pluie, que Chazelle recycle à toutes les sauces. Entre West Side Story, Moulin Rouge, Entrons dans la Danse, Drôle de Frimousse, le film oscille de référence en référence sans jamais se renouveler.
Un autre aspect primordial d’une comédie musicale est la musique, ici composée par le duo Pasek et Paul, récemment récompensés aux Tony Awards pour leur travail sur Dear Evan Hansen et Justin Hurwitz. Si certaines des compositions sont très réussies, le film est surtout centré autour d’un même air qui se répète sans cesse et dont on commence à se lasser. Quand à la manière dont elles sont chantées, le choix d’acteurs renommés, ni chanteurs, ni danseurs est une prise de risque. Le jeu de Ryan Gosling qui, fidèle à lui même, propose une palette composée de une à deux émotions, est un peu compensé par celui Emma Stone. Ce qui nous amène aux scènes de danse qui ne sont pas plus réussies que celles de chant. Les chorégraphies, fondamentalement inspirées par d’autres, manquent cruellement d’originalité et de spontanéité. Le film ne propose donc aucun numéro musical particulièrement spectaculaire.
En soi La La Land est donc véritablement un beau film mais si on le considère dans la lignée de classiques auxquels il fait référence, il se place alors simplement au rang de divertissement plutôt rébarbatif.
La La Land / De Damien Chazelle / Avec Ryan Gosling, Emma Stone / Etats-Unis / 2h08 / Sortie le 25 janvier 2017.