Rencontre avec : Serge Korber

Serge Korber chez lui, en août 2020 ©Victorien Daoût / Culture aux Trousses

« C’est un juste retour des choses d’avoir fait entrer Louis de Funès à la Cinémathèque française, alors que son rapport à la critique a été si conflictuel. C’est formidable. » Le cinéaste Serge Korber, 84 ans, se réjouit avec des mots enthousiastes de la grande actualité qui concerne Louis de Funès depuis le mois de juillet (une rétrospective ainsi qu’une grande exposition, qui rouvrira ses portes sitôt le confinement terminé). Au début des années 1970, il a réalisé deux films avec le comédien : L’Homme orchestre, comédie musicale psychédélique, et Sur un arbre perché, huis clos dans une voiture, qui comptent parmi les plus originaux de leurs filmographies respectives. L’occasion était donc parfaite pour le rencontrer et s’intéresser à l’ensemble de son parcours. C’est avec un plaisir partagé que Serge Korber nous a convié chez lui, dans son appartement parisien, pour revenir sur ses débuts dans le spectacle, ses souvenirs de tournage et son rapport au cinéma, qu’il pratique encore avec précision et sensibilité.

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Vampires, de Dracula à Buffy

La Cinémathèque française

Un long couloir obscur, éclairé de (faux) chandeliers, conduit le spectateur à la première salle de l’exposition que la Cinémathèque consacre à la créature légendaire ayant inspiré, de Murnau à Coppola, tant de cinéastes. Le ton est donné : c’est à la fois l’exploration d’un mythe et la reconstitution d’une ambiance qu’ont recherché les commissaires. Et il faut leur reconnaître une certaine inventivité. Un tableau numérique changeant vous présente, en fondu enchaîné, une galerie de vampires iconiques, dont la succession met en évidence leurs liens de parenté ; un cercueil étrangement posé au milieu d’une salle se révèle être une vitrine d’exposition ; plus loin, vous passez devant un miroir dans lequel vous ne vous reflétez pas…

Littérature, peinture, arts plastiques, bande dessinée et bien évidemment cinéma, sans oublier publicités, campagnes de sensibilisation et autres iconographies populaires s’étant réapproprié la figure du vampire, nous font suivre les évolutions de sa symbolique au cours du temps. Depuis le défi que s’étaient lancé au début du XIXe siècle Mary Shelley, Lord Byron et John Polidori d’écrire l’histoire la plus effrayante possible (ayant inspiré Frankenstein à la première et The Vampire au dernier), jusqu’aux adolescents mièvres de Twilight, il a effectivement connu bien des changements. Si dans le premier cas la mode du roman gothique en fait un être terrifiant, il est aujourd’hui mainstream au point de pouvoir servir d’argument promotionnel pour des produits aussi nobles que du fromage à l’ail ou des jus de fruits industriels. Élégant ou bestial, érotique ou monstrueux, empathique ou insensible, ses incarnations sont nombreuses et le mérite de l’exposition est de nous faire comprendre en quoi elles incarnent les préoccupations de chaque époque, avec un souci d’exhaustivité marqué.

Le visiteur effectue ce parcours de façon chronologique, chaque salle abordant un thème et une période, à grand renfort d’extraits de films, d’œuvres diverses, d’affiches, et d’objets issus de tournages cultes. Les cinéphiles fétichistes seront ravis de pouvoir contempler le masque porté par Klaus Kinski dans le Nosferatu de Werner Herzog, ou le costume de Gary Oldman dans le Dracula de Coppola. C’est l’occasion de découvrir la masse, assez effrayante en elle-même, d’œuvres ou de navets inspirées par le vampire. Les néophytes prennent des notes pour nourrir leurs listes de films à voir, tandis que les experts s’exclament avec satisfaction devant chaque nouvelle salle dont ils reconnaissent la plupart des références.

Certes, quelques reproches pourront être fait à l’exposition. Son côté fourre-tout, et quelques tentatives de rattacher au thème des objets qui ne lui sont pas liés de façon très évidente (que vient faire là cette toile de Basquiat ?), accroc qui ne rompt que momentanément le charme de l’expérience. Son ambition d’exhaustivité laisse de côté notamment le jeu vidéo, où la figure vampiriques est pourtant régulièrement exploitée. Enfin, les œuvres évoquées sont assez peu analysées, et quelques panneaux explicatifs supplémentaires auraient pu permettre d’approfondir la démarche ; mais l’ambition de proposer une expérience grand public l’imposait sans doute, et parvenir à constituer cette atmosphère tout en instruisant les visiteurs reste indéniablement une réussite.

Nous vous conseillons bien évidemment de coupler votre visite avec une projection parmi les nombreuses que propose la Cinémathèque sur le même thème. L’occasion idéale d’étancher la soif de visionnages vampiriques qui ne manquera pas de s’emparer de vous au sortir de l’exposition…

Exposition Vampires, de Dracula à Buffy, à la Cinémathèque française. Du 9 octobre 2019 au 19 janvier 2020. Toutes les infos sur le site de la Cinémathèque.

Quand Fellini rêvait de Picasso

La Cinémathèque française

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  « Maintenant, à chaque fois que je vois un tableau de Picasso, je me sens immédiatement une espèce de complicité, je suis complètement emporté, bouleversé, par la richesse, la force, le bonheur, l’esprit, la vie qui en émanent. Picasso est un peintre totalement, absolument libre », disait Fellini en 1995. Le réalisateur de La Strada ne pouvait se prêter à l’exercice de l’admiration qu’envers un créateur à l’univers aussi unique que le sien, à l’œuvre aussi pléthorique que la sienne. C’est sur cet angle insolite que la Cinémathèque a choisi de bâtir sa nouvelle exposition semestrielle, proposant un dialogue original entre Pablo Picasso (1881-1973) et Federico Fellini (1920-1993).

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Le choix des trois films : N.T. Binh

Une exposition à la Cité de la musique et une rétrospective à la Cinémathèque Française: les comédies musicales sont à l’honneur. À cette occasion, nous avons proposé au critique de cinéma et commissaire d’exposition N.T. Binh une sélection de 10 films du genre. Il nous parle de ses 3 choix.

 

 

Le Poison

Rétrospective Billy Wilder / Palme d’or

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Ray Milland (Don Burnham) et Howard Da Silva (Nat, le barman) © Paramount Pictures

Tourné en 1945, Le Poison reste probablement l’une des œuvres les plus sombres de Billy Wilder. Le cinéaste, connu pour son approche sarcastique, s’attaque ici, sans une pointe d’humour, à la question de l’alcoolisme.

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Les romances croisées de Billy Wilder : La Valse de l’Empereur et Avanti!

Rétrospective Billy Wilder / Analyse

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Juliet Mills (Pamela Piggott) et Jack Lemmon (Wendell Armbruster Jr.) © United Artists

Billy Wilder, originaire d’Allemagne, met souvent en scène un personnage américain dans un pays d’Europe. Le climat européen possède en effet la capacité de transformer ce personnage ou de lui permettre une ouverture d’esprit nouvelle. Dans La Valse de l’Empereur, Virgil Smith est un voyageur américain qui rencontre la Comtesse Johanna Augusta Franziska von Stoltzenberg-Stolzenberg en Autriche, alors que dans Avanti! c’est en Italie que Wendell Armbruster Jr. fait la connaissance de Pamela Piggott. Dans ce dernier sorti en 1972, le réalisateur propose un moment d’adaptation au personnage américain qui a souvent du mal à s’accoutumer aux moeurs européens. Ce choc culturel se retrouve dans la relation conflictuelle que les personnages possèdent que l’on retrouve aussi dans La Valse de l’Empereur, sorti auparavant en 1948. Si l’un des personnages est retissant, l’environnement joue un rôle primordial en tant que facteur de la création du couple. Qu’il s’agisse de l’île au milieu de la mer sur les côtes d’Italie ou de celle au milieu d’un lac en Autriche, ce contexte romantique est toujours en faveur de la relation naissante. Wilder propose également dans les deux cas une critique amusante de chaque pays, poussant des clichés connus de tous à leur extrême.

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Hollywood vu par Billy Wilder : Boulevard du crépuscule et Fedora

Rétrospective Billy Wilder / Analyse

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William Holden (Joe Gillis) et Gloria Swanson (Norma Desmond) dans Sunset Boulevard © Paramount Pictures

Un corps inerte flotte dans la piscine d’un manoir à Los Angeles – scène d’ouverture mythique d’un des plus grands chefs d’oeuvre de Billy Wilder. Boulevard du crépuscule sort en 1950, sa fin tragique nous est annoncée dès les premières minutes, le spectateur écoute un homme mort lui narrer son histoire. Cette histoire c’est celle de Joe Gillis, scénariste à Hollywood, qui rencontre Norma Desmond, ancienne star de cinéma, qui va lui demander de l’aide pour écrire le film qui marquera son grand retour à l’écran. Dans Fedora, c’est une jeune fille paniquée qui court vers un train, son nom, Fedora, est prononcé et la jeune femme se retourne une dernière fois avant de se jeter sous le train. Scène d’ouverture encore une fois annonciatrice et représentative de la notion de fatalisme dans le film noir, genre dont Wilder participe à la création. Dans ce film sorti en 1978, Barry Detweiler, un producteur, tente de retrouver Fedora, grande actrice de cinéma, vivant en réclusion, afin de la convaincre de faire son grand retour dans le film qu’il a écrit.

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My Fair Lady

Rétrospective comédies musicales

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Rex Harrison (Henry Higgins), Audrey Hepburn (Eliza Doolittle) et Wilfrid Hyde-White (Colonel Pickering) © Warner Bros.

My Fair Lady est la dernière comédie musicale réalisée par George Cukor (Indiscrétions, Une étoile est née) en 1964. Cette adaptation de Pygmalion de Shaw est d’abord une comédie musicale à succès à Broadway avant de devenir l’objet d’un film produit par Jack Warner. Il s’agit de l’histoire d’Eliza Doolittle, une pauvre marchande de fleurs que le professeur Henry Higgins va prendre sous son aile afin de tenir le pari de pouvoir la faire passer pour une dame de la haute société lors d’un bal important.

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Moulin Rouge !

Rétrospective comédies musicales

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Ewan McGregor (Christian) et Nicole Kidman (Satine) © 20th Century Fox

Moulin Rouge ! est ce qu’on appelle une comédie musicale « jukebox », très populaire durant l’âge d’or hollywoodien, ce sous-genre de la comédie musicale consiste à reprendre des titres musicaux populaires du moment. Moulin Rouge ! qui ouvre en 2001 le festival de Cannes, intègre ainsi des tubes d’artistes tels que The Police, Madonna, Queen, David Bowie, Nirvana ou encore U2. Le film qui vaudra 8 Oscars à son réalisateur Baz Luhrmann, est un classique toujours parmi les plus populaires du genre, et il connaitra d’ailleurs une nouvelle adaptation phare à Broadway en 2019.

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Comédies musicales

La Philharmonie de Paris

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L’exposition de la Philharmonie de Paris se concentre sur certaines oeuvres majeures du genre : Un Américain à Paris, Chantons Sous la Pluie, Les Demoiselles de Rochefort ou encore La La Land. On retrouve avec plaisir ces classiques et pour chaque film une petite video explicative (petit bémol : pour écouter il faut brancher un casque et seulement trois prises sont disponibles), quelques images (story-board, croquis) et un résumé modeste. Une très, voir trop, petite salle est ensuite dédiée à l’apprentissage des claquettes, avec une video filmée comme tutoriel (vidéo qui ne fonctionne pas toujours). Une salle pour les enfants, tout aussi étroite et franchement pas très attractive, est aussi proposée avec des extraits de dessins animés musicaux. Au centre, on trouve différents montages projetés sur un grand mur blanc. Ces petites vidéos sont très bien réalisées et abordent des thèmes intéressants sans être pour autant particulièrement instructives.

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