Noura rêve

Au cinéma le 13 novembre 2019

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©Paname Distribution

Les lois du mariage sont fréquemment au cœur des cinémas du monde arabe et du Moyen-Orient, interrogeant par des portraits intimes la façon dont la législation restreint les libertés individuelles, ainsi que le conflit qui naît entre tradition et aspiration moderne. Au début des années 2010, Une séparation (2011) de l’iranien Asghar Farhadi devenait figure de proue en la matière, et l’année dernière, Sofia de la marocaine Meryem Benm’Barek racontait l’histoire d’une femme qui accouchait hors mariage. Dans cette lignée, la cinéaste Hinde Boujemaa, responsable d’un documentaire sur la révolution tunisienne en 2012, pense la situation des femmes tunisiennes à travers Noura rêve, un film solide et engagé. Elle rappelle, en la prenant pour point de départ, qu’une loi nationale punit l’adultère par une amende et cinq ans de prison pour les deux amants.

Il reste cinq jours avant que le divorce entre Noura et Jamel ne soit prononcé. Pendant que le détenu purge sa peine, Noura voit son amant en cachette. Ils se retrouvent à l’abri des regards, s’embrassent dans le hall de son immeuble en restant vigilant, comme des adolescents qui ne doivent pas être vus. Leur rêve de vivre comme un couple normal doit bientôt se réaliser, mais il se voit mis en péril par la relâche de Jamel : le mari de Noura sort de prison plus tôt que prévu.

Malgré ce pitch assez attendu dans un drame social autour d’un adultère, l’intérêt naît de la façon dont la caméra d’Hinde Boujemaa appréhende ses personnages. Souvent filmés de près comme pour s’approcher de leurs contradictions et des cas de conscience qui bouleversent leur vie, ce sont par leurs nuances que le film se singularise, et que le drame se cristallise. Le mari qui joue le mauvais rôle se montre calme, sans calcul, à sa sortie de prison, avant de devenir inquiétant, de façon presque inavouée d’abord, lorsqu’il comprend que sa virilité est menacée. Des moments de tension sont alors créés à partir du quotidien familial : ils passent par exemple par le silence éloquent de Noura et ses enfants, accoutumés à la violence, lorsque le père leur demande de sortir de la maison pour le laisser tranquille. C’est ainsi, toujours, par le regard de Noura que la réalisatrice livre un point de vue, forcément politique, sur la masculinité et le poids subit par les femmes. Prise en étau entre l’amour pour son amant et la pression de son mari, celle-ci est incarnée par une subtile interprète, Hend Sabri. De presque tous les plans, c’est elle, comédienne superstar grâce à des séries télévisées égyptiennes (où les médias la comparent régulièrement à Julia Roberts), qui donne au film sa plus grande part d’intensité.

Noura rêve / De Hinde Boujemaa / Avec Hend Sabri, Lofti Abdelli, Hakim Boumsaoudi / Tunisie – Belgique – France / 1h30 / Sortie le 13 novembre 2019.

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