Rencontre avec : Timm Kröger

© Heike Blenk

Après un film d’études sélectionné à la Semaine de la Critique à Venise, Timm Kröger était l’année dernière de retour au festival italien mais, cette fois, en compétition. Il propose avec Universal Theory un film noir vertigineux, teinté d’humour et truffé de références…

Peux-tu nous en dire un peu plus sur la genèse du projet ? Avais-tu déjà un certain intérêt pour les mathématiques et la physique ou est-ce venu lors des recherches pour le film ?

Je vais essayer d’être concis ! Je crois que j’avais déjà un fort intérêt pour les maths et la physique lorsque j’étais adolescent. Mais c’était surtout engendré par des films hollywoodiens qui n’en parlaient pas très sérieusement, comme Good Will Hunting ou A Beautiful Mind. En devenant cinéaste, j’ai ensuite oublié un peu tout ça car on vous apprend à vous concentrer sur la part moins rationnelle de votre conscience pour faire des films – c’est une façon un peu courtoise de dire que j’ai senti mon cerveau un peu dépérir en école de cinéma ! (rires). Il y a 11 ans, j’ai fait un film qui s’appelait The Council of Birds et qui se déroulait en 1929. C’est après l’avoir réalisé que nous avons décidé de faire une trilogie de films, pour couvrir en partie l’histoire du 20ème siècle. Le premier traite de la fin de l’ère de la musique romantique et de la forêt allemande, des idées musicales qui flottaient dans l’air à cette époque. Et, de façon organique, c’est ce premier film qui m’a mené au deuxième. J’ai voulu qu’il soit sur les années 60 mais je ne savais pas encore sur quoi précisément jusqu’à ce que je pense au titre : Die Theorie von Allem. En allemand ça veut dire très littéralement la Théorie de tout. Une fois que j’ai eu ce titre, j’ai compris que ça allait se passer en 1962, dans les montagnes suisses, avec un physicien, du ski et un sombre secret caché dans un hôtel…

Tout cela t’est simplement venu à partir du titre ?

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Causerie avec Olivier Py

Olivier Py nous a reçu dans son bureau, au Théâtre du Châtelet, pour répondre à nos questions sur son premier film, Le Molière Imaginaire.

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Rencontre avec : Bertrand Mandico

© Radio France

Après Les Garçons Sauvages et After Blue – Paradis Sale, Bertrand Mandico revient avec un troisième long-métrage sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes, Conann. À cette occasion, nous l’avons rencontré.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans l’histoire de Conan le barbare ? 

Je voulais faire un récit sur la barbarie et raconter l’histoire d’une femme à travers plusieurs moments de sa vie. Je me suis dit que c’était intéressant de commencer par une période antique, à l’origine de la barbarie. Par association d’idées, je me suis amusé à jouer avec cette figure à la fois de la culture populaire, mais aussi de la mythologie, puisque Conann est un personnage qui aurait vraiment existé. Je suis parti des origines pour remonter le temps et les époques jusqu’à notre monde, voire un monde plus futuriste.

Comment avez-vous défini les époques du film ?

Le socle, c’est-à-dire la période antique, est celle décrite dans les bouquins de Robert E. Howard. La deuxième époque renvoie plus à une antiquité symbolique qu’on peut retrouver dans les films de Cocteau, c’est la période des 25 ans. Après, j’ai décidé de marquer une rupture en propulsant le récit dans le futur. Et puis quitte à aller dans le futur, autant aller dans une époque proche de la notre, donc les années 1990 dans le Bronx. À partir de là, j’ai imaginé cet autre monde qui peut rappeler les guerres contemporaines dans les pays de l’Est.

Même s’il est très fantasmé, le passage au Bronx est effectivement le plus réaliste du film. Comment avez-vous abordé ce décor ?  

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Rencontre avec : Kleber Mendonça Filho

© Urban Distributions / Dean Medias

Après le prix du jury au festival de cannes en 2019, le réalisateur brésilien revient avec un documentaire multiforme à la richesse démentielle. Que cela soit pour dessiner les portraits de sa famille ou des salles de cinéma de son quartier, Kleber Mendonça Filho pose son regard mélancolique et plein d’empathie avec une maitrise cinématographique impressionnante sur laquelle il a accepté de se confier.

Portraits Fantômes couvre l’industrie du cinéma de Recife étalée sur une large période tout en narrant l’histoire de votre maison familiale, ce qui résulte en une grande masse d’information et un rythme de montage assez rapide. Pourtant, tout parait cohérent et parfaitement fluide. Comment vous êtes-vous organisé ?

J’avais des idées écrites sur des carnets, des calepins ou même sur mon téléphone mais le film n’avait pas de scénario, ainsi tout s’est décidé au montage, un processus très long car rien n’était réellement prévu à l’avance. Je ne suivais aucune règle ou idée préconçue, il s’agissait d’écouter et de faire attention aux besoins de l’œuvre. Par exemple, un passage faisait défiler une collection d’anciens films et cela paraissait trop pragmatique, sec. Il faut trouver de quoi le film parle, où il se dirige, et je n’étais pas satisfait du montage. J’ai lentement pris conscience des plus grandes difficultés, dont l’une était que ma femme et moi avions décidé de déménager, de quitter cette maison dans laquelle j’avais vécu tout ma vie. Il y avait cette impression de changement imminent, de devoir abandonner tout un pan de ma mémoire, de souvenirs très forts que j’ai de cet endroit. J’ai redécouvert, entre autres, les nombreux films amateurs que j’y avais tournés avec des amis, surtout de l’horreur, avec beaucoup de faux sang. Je trouvais beau de montrer cette maison à travers les nombreuses archives que j’avais en ma possession, que cela soit des vidéos VHS ou Betacam. C’est ainsi que l’on peut photographier le temps : voir la même pièce évoluer sur une vingtaine d’années, d’abord en 35 mm, puis VHS, puis en film. J’ai fait de nombreuses découvertes, retrouvé des souvenirs enterrés comme ces photographies de fantômes et un ami déclarant que j’étais médium. Tous ces éléments ont formé la première partie du film pour une durée d’environ vingt-cinq minutes, alors que cinq étaient prévues à l’origine.

Votre film est chapitré, en commençant d’abord par la maison de votre famille, puis le cinéma du quartier, comme dans un mouvement d’expansion continu. Est-ce une structure qui est apparue très tôt dans la conception de l’œuvre ? Ou plus en aval, lors du montage ?

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Causerie : Jussi Vatanen & Alma Pöysti

Jussi Vatanen et Alma Pöysti incarnent les deux amoureux transis des Feuilles Mortes, le nouveau film d’Aki Kaurismäki, récompensé par le Prix du Jury au Festival de Cannes 2023.

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Causerie : Rebeka Warrior

Présidente du jury courts-métrages au Champs-Élysées Film Festival cette année, Rebeka Warrior nous confie ce que le format court représente pour elle, les compositeurs de musique de film qui l’ont marquée et nous parle des clips de Sexy Sushi, KOMPROMAT et Mansfield.TYA.

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Causerie : Bertrand Bonello

Président du jury longs-métrages au Champs-Elysées Film Festival cette année, Bertrand Bonello a répondu à nos questions sur son rôle de juré, le cinéma indépendant, le contexte de production des films et l’évolution du festival.

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Rencontre avec : Patric Chiha

Projeté à la Berlinale dans la catégorie Panorama, La Bête dans la jungle est le cinquième long-métrage de Patric Chiha. À l’occasion de la sélection du film au Champs-Elysées Film Festival et de sa sortie en salle, le réalisateur a répondu à nos questions sur ce dernier film, d’une ambition folle.

Quand avez-vous découvert le roman d’Henry James ? Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter La Bête dans la jungle ?

Platon a une très belle idée là dessus, il dit que les idées volent en l’air et nous tombent dessus. Elles tombent sur une personne, pas toujours celle qu’on pense. C’est un concept que je déforme peut-être car je ne connais pas assez bien Platon mais que je trouve très beau, je l’utilise beaucoup en tournage. La Bête dans la jungle m’est tombée dessus, il y a dix ans environ. Au delà de la beauté du roman, il me parlait très fortement, dans son thème, dans ses tensions entre le réel et le rêve, entre le fantasme et la réalité, entre ce que nous attendons et ce que nous faisons. Il me semble que le roman évoque cette tension presque comme un mythe, à la fois très simplement et très mystérieusement. C’est un livre qui m’échappe toujours. Et c’est justement parce qu’il m’échappe que j’ai eu envie d’en faire un film. C’est en grand roman donc j’ai été très respectueux envers la forme, le langage et le style. Et un jour, en rentrant chez moi, dans ce virage qui monte, j’ai compris qu’il fallait le faire en boîte de nuit. Alors qu’au départ, je ne savais pas ce que j’allais faire de ce roman. Je savais seulement que je n’allais pas l’adapter comme ça, qu’il fallait me l’approprier. Et c’est cette boîte de nuit qui était la clef, qui m’a autorisé à me lancer. Très vite, ça m’a semblé être l’idée juste : la boîte de nuit comme espace où documentaire et fiction se mêlent. Un espace où nous attendons quelque chose.

Comment avez-vous choisi cette boîte de nuit, qui, au cour du film devient paradoxalement familière en restant assez labyrinthique ?

Avant ça, il y a eu une longue période d’écriture parce que c’est un roman très difficile : ce sont deux personnes qui attendent quelque chose 25 ans mais c’est aussi une romance, un mélodrame et l’histoire de cette boîte, fictionnelle. Je me suis longtemps demandé s’il fallait que je m’appuie sur une boite réelle, pour raconter son histoire. Ça aurait pu être le Palace à Paris, le Trésor à Berlin, ou le Heaven à Londres. Pourtant, je sentais bien que ça ne devait pas être l’histoire d’une boîte mais de toutes nos boîtes, de toutes nos fêtes. Trouver le lieu était assez difficile, notamment pour des raisons de co-production. Nous avons tourné en Belgique, car j’ai étudié là bas et y suis beaucoup sorti aussi. Il fallait une boîte qui ressemble à un théâtre : un endroit où nous pouvons être acteurs ou spectateurs. Il y avait vraiment cette question du balcon et de la place du spectateur dans le film. Parce que quand nous allons en boîte, nous sommes à la fois ceux qui dansons et ceux qui regardons danser. Ce sont deux activités qui se mêlent et qui sont toutes les deux excitantes. Et le lieu qu’on a trouvé est réellement une boîte, construite dans un ancien cinéma des années 50. Tout l’enjeu était alors de remplir la boîte, en plus en temps de COVID… 

Il y a quelque chose de très répétitif dans l’histoire mais aussi visuellement étant donné qu’il s’agit d’un huis-clos, comment éviter que le film devienne redondant ?

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Rencontre avec : Philippe Miller

À l’occasion de la ressortie, en version restaurée, de Jeanne et le garçon formidable (1997), nous avons eu la chance de discuter avec Philippe Miller, le compositeur du film.

Comment s’est déroulé votre rencontre avec Jacques Martineau et Olivier Ducastel ; comment a eu lieu votre arrivée sur le projet ?

Ma femme est monteuse et il se trouve qu’elle avait déjà travaillé avec le producteur de Jeanne et le garçon formidable. Il lui avait parlé de ce projet de comédie musicale et lui a appris que j’en avais déjà composé une pour le théâtre. Je devais donc travailler avec Jacques Martineau et ma femme a pensé que ce serait bien d’avoir aussi quelqu’un qui avait déjà travaillé sur une comédie musicale de cinéma ; car aucun de nous n’avait cette expérience. Elle en a donc parlé à Olivier Ducastel, sachant qu’il avait travaillé sur les derniers films de Jacques Demy. Ils sont tous venus à cette occasion et se sont rencontrés chez nous.

Vous avez composé les musiques à partir du scénario ? Comment se passait votre collaboration avec Jacques Martineau, qui a écrit les paroles des chansons ?

Quand on fait des musiques de films, on arrive souvent au dernier moment. Sauf si un réalisateur veut une musique en amont pour une certaine séquence, mais généralement, on arrive lors du montage. Dans le cas de Jeanne, la musique a été filmée, en quelque sorte. Cela inverse totalement le rapport car elle arrive juste après le scénario. C’était un souhait que nous avions tous : tourner avec les enregistrements définitifs, les voix des acteurs (sauf une), pour créer une véracité au moment de l’interprétation. Afin que les acteurs ne s’appuient pas sur des maquettes. Et puis, à l’époque il y avait assez peu de maquettes finalement, toutes les musiques que j’ai composées, je leur ai d’abord fait écoutées au piano, en chantant : à l’ancienne ! Mais notre choix était donc d’aller en studio, de faire enregistrer les vrais acteurs et puis d’enclencher le tournage. Etant donné que Jacques est aussi chanteur et musicien, il avait déjà écrit quelques paroles en pensant à des mélodies. Il était vraiment très humble par rapport à ça, il m’a dit que je n’avais aucune obligation de les utiliser mais qu’il ne pouvait simplement pas s’empêcher de penser à des mélodies lorsqu’il écrivait les paroles. Il y en a certaines que j’ai gardées, d’autres que j’ai transformées et quand, pour certains textes, il n’avait rien, j’ai eu l’entière liberté de composer ce que je voulais.

Aviez-vous déjà le désir de piocher dans plein de registres musicaux différents : java, tango, variétés ou encore jazz ?

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Depuis Cannes : Anthony Chen

Festival de Cannes 2023

Invité à Cannes pour la quatrième fois, Anthony Chen vient cette année présenter Un Hiver à Yanji. Le réalisateur nous a raconté la genèse de cette histoire d’amour peu commune, sélectionnée dans la catégorie Un certain regard.

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