Evil Dead Rise

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Après un minable remake en 2013 et une série inégale lancée en 2015, la saga Evil Dead semble évoluer à l’aveugle, ses artisans ne sachant comment se placer vis-à-vis de l’héritage laissé par Sam Raimi. Et si, pour retrouver l’âme de la trilogie originelle, ne suffisait-il pas d’imposer un retour à la sobriété ? Reboot plus ou moins assumé, Evil Dead Rise n’est pourtant pas ce qu’on pourrait qualifier de sobre, à première vue.

Hectolitres d’hémoglobines, fluides en tous genres, corps mutilés : sur son heure et demie, ce nouveau venu redouble d’efficacité pour offrir un spectacle tapageur et hautement généreux. Mais, à la différence de Fede Alvarez ou des nombreux cinéastes s’étant essayé à l’exercice sur Ash vs. Evil Dead, tentant pour l’un de singer une esthétique et pour les autres de raviver un certain humour à coups de dialogues surécrits, Lee Cronin coupe le cordon avec Raimi, maître à penser dont l’influence pèse depuis trop longtemps sur la franchise.

Dès l’introduction, qui se plaît à détourner le célèbre travelling démoniaque, Rise libère sa grammaire des carcans de la série et se permet de limiter le mouvement pour offrir un spectacle plus posé, où l’énergie réside dans un montage aux cordeaux et dans une utilisation savante des focales. Son sadisme jubilatoire, transformant les non-dits d’une cellule familiale affaiblie en boucherie purement gratuite, sa construction scénographique ingénieuse, parfaite exploitation des possibilités offertes par l’unité de temps et de lieu réduites, et son slapstick retrouvé viennent poser une question aux aficionados : plutôt que de résider dans de sempiternels effets formels réchauffés, la saveur de Evil Dead ne tient-elle pas dans ce simple spectacle des corps, où rire et dégoût se tiennent la main ? Si Lee Cronin n’évite pas la laideur, ni le sérieux et l’écriture sonore surchargée du cinéma d’horreur contemporain, il offre déjà un premier élément de réponse rassurant. 

Evil Dead Rise / De Lee Cronin / Avec Lily Sullivan, Alyssa Sutherland, Gabrielle Echols, Nell Fisher / Etats-Unis / 1h37 / Sortie le 19 avril 2023.

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