Halla, la cinquantaine, est une guerrière singulière. Professeur de chant dans la vie, elle mène en parallèle un combat qui fait d’elle une dissidente poursuivie dans toute l’Islande par des drones et des hélicoptères : armée d’un arc, l’activiste s’attaque aux lignes électriques qui alimentent les usines d’aluminium, responsables de la pollution des sols du pays.
Le fantasque Benedikt Erlingsson (Des chevaux et des hommes) mène tambour battant une chasse à l’homme tout à fait à part dans les paysages lunaires de l’Islande. Avec ce conte inventif qui introspecte l’insolite, il confère à son cinéma une identité affirmée et définitivement reconnaissable. Manifeste écolo s’il en est, Woman at war entretient par le biais de sa fabuleuse héroïne, que les médias surnomment la « femme des bois », un rapport harmonieux et organique aux éléments naturels, à commencer par la terre. Mais si la terre est bien au coeur du combat d’Halla, c’est aussi de racines maternelles dont il est question, elle qui s’apprête à adopter une petite fille ukrainienne. En fait, le film ne cesse de surprendre, en apportant de nouveaux éléments à sa lecture. Une autre de ses particularités est de mettre directement en scène sa bande originale, grâce à un orchestre qui, tel un choeur antique à l’intérieur des scènes, épouse les appréhensions et les succès de l’héroïne. Le cinéaste, qui joue la carte du décalage du début à la fin, parvient à embrasser un sujet d’actualité (la pollution et l’activisme écologique) avec une totale liberté de ton.
Woman at war / De Benedikt Erlingsson / Avec Halldora Geirhardsdottir, Davíd Thór Jónsson, Magnús Trygvason Eliassen / Islande – France – Ukraine / 1h41 / Sortie le 4 juillet 2018.
CULTURE AUX TROUSSES 