« Sigmund Freud a inventé la psychanalyse […]. Alejandro Jodorowsky a inventé la psychomagie. » Ainsi s’ouvre en toute humilité le nouveau film du cinéaste chilien, un documentaire consacré à la discipline qu’il a fondée et qu’il exerce depuis, au moins, les années 1980. À la différence de la psychanalyse, la psychomagie prend la forme d’une thérapie qui passe par les actes. Quelques exemples : un homme en colère contre sa famille va frapper des citrouilles sur lesquelles sont placées les photos de ses parents, avant de leur envoyer les morceaux par la poste ; une femme dont le conjoint s’est suicidé sautera en parachute… Une façon d’extérioriser les traumatismes et de se libérer des blocages psychologiques, pour accéder à un niveau supérieur de la conscience.
Le documentaire se présente ainsi comme un florilège de portraits de personnes qui ont demandé de l’aide à Alejandro Jodorowsky. Chaque cas est différent, chaque acte proposé l’est aussi, produit de l’imagination du cinéaste pour qui la frontière entre l’inconscient et le rationnel est poreuse. C’est parfois violent, parfois très émouvant. De la confession en face à face à la transe collective, ce sont des instants remplis d’une énergie unique. À mesure que les portraits s’accumulent, dans lesquels « Jodo » apparaît généralement, c’est aussi le sien qui se dessine. Celui d’un homme qui fait de ses performances et de ses films (dont il donne de-ci de-là quelques clés d’interprétation, extraits à l’appui) le terrain d’expériences inédites, jamais bornées. Une vie ouverte sur les autres, dédiée à la pratique artistique et à la formation d’images poétiques. Psychomagie est un nouvel acte dans la grande cohérence de son œuvre, qui nous rappelle qu’avec cet artiste hors normes, plus que chez aucun autre, la vie et l’art ne font qu’un.
Psychomagie, un art pour guérir / D’Alejandro Jodorowsky / Avec Alejandro Jodorowsky, Arthur H / Documentaire / France / 1h44 / Sortie le 2 octobre 2019.
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