Dans Le Diable, tout le temps, adapté du roman de Donald Ray Pollock, le réalisateur Antonio Campos nous donne à voir le pire de l’Amérique rurale, des années 1945 à 65.
À Knockemstiff, dans l’Ohio, la corruption et la violence se font monnaie courante. Seulement, cette férocité sordide qui coule de générations en générations semble trouver ses origines dans la foi religieuse. Dieu ou le Diable, ici constamment interchangeables, deviennent excuses, motifs ou témoins d’une brutalité sans pareil. À travers un récit mettant en scène des personnages variés aux destins plus ou moins liés, le réalisateur dissèque l’influence d’un symbole divin écrasant ces protagonistes marginalisés. Il étale avec agilité les différents modes de perversion du système de croyance.
Au cœur de cette région contaminée par un mal intraitable, Arvin tente de s’émanciper. Entouré d’un casting impressionnant et d’une mise en scène soignée, Tom Holland, le jeune acteur au regard doux et à la voix fluette, interprète parfaitement l’adolescent en quête d’apaisement. Plongé dans une atmosphère suintante d’animosité – entre guerre, superstition et lourd héritage familial – le meurtre se présente comme son unique exutoire.
S’il s’essouffle légèrement dans une deuxième partie moins convaincante, le film et son propos demeurent saisissants. Le réalisateur parvient à donner vie à des personnages torturés et à leur douloureuse odyssée. Le Diable, tout le temps est une œuvre qui s’avère efficace et, à plusieurs reprises, étonnamment terrifiante.
Le Diable, tout le temps / D’Antonio Campos / Avec Tom Holland, Robert Pattinson, Bill Skarsgard, Sebastian Stan, Harry Melling / Etats-Unis / 2h18 / 16 septembre 2020.
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