Pour leur premier long-métrage, Julie Gersant-Lerat et François Roy posent leurs caméras dans un centre maternel où des adolescentes enceintes doivent choisir entre devenir parent ou laisser leur enfant dans un centre d’adoption. Abordant autant la difficulté de la maternité que le récit initiatique de femmes trop perdues pour être mères, Petites adresse un sujet aussi riche qu’intéressant, ce qui sera à la fois sa force et sa faiblesse.
Jules, une drag queen resplendissante est agressée un soir dans ce qui semble être un petite ville d’Angleterre. Après ce traumatisme, les couleurs se tarissent : les talons deviennent baskets, les jupes des joggings et les hauts arc en ciel des sweat-shirts monochromes. Mais alors qu’il s’apprête enfin à délaisser son canapé pour une piste de danse, Jules croise son attaquant dans un club gay. Commence alors un jeu de vengeance dangereux entre les deux, dans ce que les réalisateurs Sam H. Freeman et Ng Choon Ping appellent un « queer noir ».
Last Dance, premier long métrage de Coline Albert, assiste avec douceur et intelligence la fin crépusculaire de Lady Vinsantos, drag queen célèbre dans le milieu underground de la Nouvelle-Orléans. La raison ? Son interprète, Vince DeFonte, ne supporte plus ce personnage qu’il incarne depuis des décennies et qui parasite sa vie. De la jeunesse à la cinquantaine, de l’Amérique à Paris, des rires aux cris, Coline Albert nous offre un documentaire saisissant, portrait d’un homme en crise et de son univers (trop ?) envoûtant.
Quelle a été la genèse de votre projet ?
J’ai rencontré Vince par hasard, aux champs de course, un espace très populaire à la Nouvelle-Orléans pour ses sorties et ses Bloody Mary. Il est arrivé après un spectacle, sans sourcil, avec quelques paillettes mais toujours son physique très masculin. Son aspect androgyne m’a tout de suite frappé. Il m’a raconté par la suite qu’il tenait une école de drag queen. Cela rejoignait mon projet de tourner un film sur la Nouvelle-Orléans et en particulier sur son énergie créatrice permanente.
Votre séquence d’introduction développe une atmosphère onirique, presque surréaliste, qui détonne un peu avec le reste du film, ancré dans le quotidien de Vince. Pourquoi ce choix de mise en scène pour ouvrir votre film ?
Le film découle d’un désir de faire un film sur la Nouvelle-Orléans, un endroit particulier où je devais tout de suite ancrer les personnages, leur univers. L’introduction présente une parade à Mardi Gras, une tradition locale, dont Lady Vinsantos était la Reine. Cette séquence souligne la présence de Vince dont le film épouse le caractère très sensible, sujet aux brusques changements d’humeur. C’est un homme très chaleureux, qui rigole beaucoup, et la minute suivante il montre un air plus sérieux, très grave, souvent triste.
Le microcosme autour de Vince est moins décrit comme une entreprise que comme une grande famille, alternative aux Drag Race notamment. Était-ce la raison principale derrière votre mise en scène très humaine, très proche des personnages ?
Bienvenu dans l’Atelier de Vince, où les robes défilent, les perruques s’élèvent et les paillettes brillent. À l’entrée, des personnes de tous âges et tous milieux, désireux d’accomplir leurs rêves ; à la sortie, la scène et le public, avec leurs promesses et leurs fardeaux. En son centre trône Vince, roi malgré lui, ayant atteint la célébrité avec son personnage de Lady Vinsantos. Las de ce personnage qu’il incarne depuis des décennies, il prévoit alors un dernier spectacle, à Paris.
À première vue, l’œuvre de Zheng Li Xinyuan se présente comme une introspection de la cinéaste motivée par la contrainte du confinement. La caméra suit sans faillir le regard que la réalisatrice porte sur son environnement, à la fois celui extérieur, maintenant inaccessible, tout comme intérieur, entre les quatre murs impersonnels de sa chambre d’hôtel. Dans cet espace restreint, elle abat toutes ses barrières et aborde sa relation conjugale avec une proximité confondante : l’introduction les présente nues, dans leur lit, s’amusant avec un préservatif gonflé comme un ballon. Cette intimité in medias res, presque déstabilisante, n’est pourtant que la base de Jet Lag qui alors amorce un mouvement d’expansion continu.
Sean Penn et Aaron Kaufman se trouvaient à Kiev lorsque la Russie déclare la guerre à l’Ukraine. Réalisant un film basé sur la vie de Volodymyr Zelensky (un acteur de télévision qui devient président) ils vont assister à la transformation nécéssaire et impressionnante de celui qui les avait inspiré. Mais si le personnage de Zelensky était le protagoniste dans leur film, il n’y a aucun doute sur le fait que le protagoniste de Superpower n’est autre que Sean Penn.
Steven Spielberg revient un an après son remake de West Side Story avec The Fablemans. Allant cette fois-ci un cran plus loin dans la nostalgie, le cinéaste s’attelle à conter sa propre enfance pour y déceler les prémices de sa vocation.
Gu Wentong est un critique culinaire que nous n’avons pas le temps d’apprendre à connaître avant de plonger au cœur de son quotidien, de son intimité ; ni l’un, ni l’autre n’étant particulièrement mouvementé. Zhang Lu construit son film autour d’un protagoniste passif, qui attend, qui regarde ceux autour de lui qui viennent et vont. Tant que ce flux humain ne cesse pas et que le point rougeoyant au bout de sa cigarette ne s’éteint pas, Gu est heureux à Beijing.
Le 2 juin 2017, Reality Winner rentre chez elle comme tous les autres soirs. Mais le 2 juin 2017 n’est pas un soir comme les autres : deux agents du FBI l’attendent devant sa porte. Accusée d’avoir dévoilé des informations confidentielles de la NSA aux médias, la jeune femme devient l’objet d’un interrogatoire musclé. À partir de la transcription de l’enregistrement audio de ces quelques heures naissent une pièce, puis un film.
Un bateau en pleine tempête, quelques policiers et prisonniers agités, une mystérieuse entité dans la soute et la promesse d’un carnage sanguinolent. Sentiment de déjà-vu ? C’est normal.